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Problèmes cardiaques

Le risque de décès des insuffisants cardiaques peut se prédire grâce à un biomarqueur

Par Samrin Inayati

Le niveau de neuropeptide Y présent dans le sang, un acide aminé qui régule notamment la pression artérielle, serait un bon marqueur pour prévenir les complications cardiaques.

Rawpixel/istock

Sera-t-il possible un jour de prédire les complications cardiaques? Si cette question reste délicate malgré les progrès scientifiques, des chercheurs pensent avoir trouvé une piste pour aider les patients atteints d’insuffisance cardiaque. Une nouvelle étude menée par les chercheurs de UCLA, l’université de Californie de Los Angeles (Etats-Unis) révèle un nouveau biomarqueur qui pourrait aider à prédire quels patients présentant une insuffisance cardiaque stable ont un risque plus élevé de mourir dans un délai d'un à trois ans. Les résultats de leur étude ont été publiés dans la revue JAMA Cardiology. 

Actuellement, les scientifiques ne comprennent pas pourquoi la moitié des personnes développant une insuffisance cardiaque meurent dans les cinq années suivant leur diagnostic quand d’autres — qui reçoivent les mêmes traitements — ont une espérance de vie plus longue. 

Vingt morts au cours de l’étude

Pour les besoins de leur étude, qui s’est déroulé entre 2013 et 2015, les chercheurs ont analysé le sang de 105 patients de l’hôpital général du Massachusetts, atteints d’une insuffisance cardiaque stabilisée. L’équipe était à la recherche de biomarqueur efficace, tel que le neuropeptide Y, un acide aminé secrété par un neurone qui régule notamment la pression artérielle. Il est important de souligner que la plupart des personnes représentées dans l’expérience étaient des hommes (78%) qui suivaient un traitement (90%). 

En regardant les premiers résultats, les chercheurs ont mis en évidence que la concentration de neuropeptide Y était significativement plus élevée chez les femmes, les patients diabétiques (surtout ceux insulino-dépendants) et chez les personnes souffrant d’hypertension artérielle (notamment chez ceux prenant de l’hydralazine, un vasodilatateur). 

Au cours de l’étude, 20 des 105 patients volontaires ont trouvé la mort, et tous avaient en commun d’avoir une concentration de neuropeptide Y dans le sang supérieure à 130pg/mL. Selon les chercheurs, lorsque la présence des neuropeptides Y va au-delà de 130 picogrammes par millilitre de sang, le risque de décès dans un délai d’un à trois ans est augmenté par dix, par rapport à ceux dont le niveau de neuropeptide Y est faible. 

Des neuropeptides plus présents et moins performants

Afin de vérifier leur théorie, dans un second temps, l’équipe a comparé des échantillons de ganglions du système nerveux sympathique des patients volontaires avec eux de donneurs sains. Ce sont dans certaines de ces structures que se “loge” les neuropeptides Y. Ils se sont aperçus que les personnes atteintes d’insuffisance cardiaque produisaient plus de neuropeptide Y que les sujets sains, et que la réaction immunitaire de ces neuropeptides était nettement plus réduite que chez une personne en bonne santé. 

Pour l’équipe, cette étude constitue une étape importante dans l'amélioration des soins aux patients, car elle permettra à terme, de distinguer chez les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque, celles dont le pronostic vital est engagé de celles dont l’affection peut être gérée sans un suivi particulier. Enfin, cette étude souligne la nécessité pour les professionnels de santé s’occupant de patients atteints d’insuffisance cardiaque de s’intéresser à ce qui se passe au sein de leur système nerveux, afin d’agir en amont pour optimiser leur espérance de vie.