L’expérimentation du cannabis thérapeutique se précise. D’après Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale adjointe de l’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM), elle pourrait démarrer en septembre 2020. Mercredi 22 janvier, la directrice générale adjointe s’est exprimée lors des premières auditions de la mission d’information parlementaire sur la réglementation du cannabis à l’Assemblée nationale.
Un traitement proposé en dernier recours
Depuis 2018, l’ANSM travaille sur le cannabis thérapeutique. Il permettrait de soulager la douleur et aurait des propriétés anti-inflammatoires, antiépileptiques ou encore analgésiques. L’essai clinique devait avoir lieu au cours du première semestre 2020, il sera reporté de quelques mois. En septembre, 3 000 patients atteints de maladies graves utiliseront du cannabis thérapeutique dans le cadre de cette expérimentation médicale. “Nous avons retenu un certain nombre d’indications : douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies médicamenteuse ou non, certaines formes d’épilepsie sévère et pharmaco-résistantes, en soin de support, dans les situations palliatives, en oncologie, dans le cas de douleurs liées à la sclérose en plaques ou pour d’autres pathologies du système nerveux central”, a indiqué Christelle Ratignier-Carbonneil. Le cannabis thérapeutique sera prescrit en dernier recours, c’est-à-dire lorsque les autres traitements ou thérapies ont échoué ou sont insuffisants dans le soulagement de la douleur, ou encore lorsqu’ils sont mal tolérés.
Les patients seront suivis par des médecins spécialistes, des neurologues ou des médecins spécialistes de la douleur. Ils seront en charge d’effectuer la première prescription, que le patient devra récupérer dans une pharmacie hospitalière. Pour les renouvellements, il pourra se diriger vers son officine ordinaire. Les traitements, gratuits, seront sous forme d’huile ou de fleur séchée.
La production en question
“Septembre, c’est demain, c’est très proche”, a précisé Christelle Ratignier-Carbonneil. D’ici-là, il est nécessaire de trouver des producteurs capables de fournir suffisamment de cannabis pour l’expérimentation. Or, en France, la loi interdit la culture de plants de cannabis dont le taux de tetrahydrocannabinol (THC) est supérieur à 0,2%. Pour le début de l’expérimentation, les feuilles utilisées pourraient provenir de l’étranger. “Si un producteur national est en capacité de répondre aux critères (…), il pourra être retenu”, précise la directrice générale adjointe de l’ANSM. Le groupe coopératif agricole français InVivo aurait d’ores et déjà déposé une demande pour se placer sur le marché.
“Il y a un besoin, il y a une demande, a insisté la directrice générale adjointe de l’ANSM, il est important de pouvoir apporter une réponse et un service, mais que celui puisse être réalisé dans le cadre le plus sécurisé possible.” En Europe, 21 pays ont déjà autorisé l’usage thérapeutique du cannabis.