Depuis 2004, ce sont trois jours (6, 7 et 8 février) pour se donner plus de chances de réussir à « décrocher ». On connaît les arguments incontournables dont les accros font fi :
Un poids environnemental incontestable, comme avec tout ce qui fonctionne grâce à une batterie ; un reconditionnement et une production mondialisés, aux effets néfastes polluants. Une consommation d’énergie importante pour l’utilisation ; un bilan carbone catastrophique : 40 millions de tonnes de CO2 produites par les 4 milliards de smartphones, soit l’équivalent de 20 millions d’automobiles ! Fabriqués avec de nombreux métaux rares comme l’or et le cuivre, pourtant pas de recyclage réel en vue ! Rappelons qu’une étude récente a montré qu’un ordinateur portable, allumé inutilement, peut coûter jusqu’à 30 euros pour rien…
Mais faisons-leur confiance car on peut imaginer que les générations futures vont intégrer ce facteur.
Le danger de son utilisation en effectuant une manœuvre à risque, comme tout simplement conduire, est incontestable et les campagnes de prévention sont de plus en plus nombreuses… Pour le moment avec un effet minime.
L’argument économique est balayé lui aussi assez vite alors que l’on sait qu’avoir un smartphone coûte, au minimum, le prix d’une petite (ou grosse selon l’utilisation) voiture à l’année.
Les risques pour la santé sont les seuls qui obtiennent une – petite – attention.
Commençons par les conséquences « psy ».
Psychiatriques, on sait que le portable « désocialise », mais on manque d’études pour savoir s’il perturbe, en bien ou en mal, l’itinéraire des psychotiques ou l’humeur des dépressifs.
Les conséquences psychologiques relationnelles sont plus évidentes, et le nombre de couples ou de familles déchirés par un sms oublié ne se compte plus. Mais sont logiques dans l’histoire de la communication entre les hommes.
Un autre inconvénient, plus facilement négociable : l'usage du portable entraîne des troubles des muscles et des articulations en raison du manque d'exercice et de mauvaises postures.
Reste la dangerosité des ondes, qui de la radio au téléphone mobile en passant par les radars, la télévision, les satellites ou tout simplement l’alarme de votre maison, font désormais partie d’un quotidien auquel personne n’échappe, même s’il décide de vivre en ermite.
L’énergie associée à ces ondes n’est pas suffisante pour abîmer les tissus. En revanche, cette énergie est suffisante pour faire vibrer les molécules d’eau, ce qui provoque un échauffement des zones du corps exposées. C’est d’ailleurs le principe du four à micro-ondes.
Le corps humain placé dans un de ces champs électromagnétiques absorbe une partie de leur énergie, qu’on quantifie avec un chiffre que l’on appelle le DAS, le Débit d’Absorption Spécifique.
On estime qu’un DAS supérieur à 4, pour le corps entier, provoque des effets d’échauffement significatifs. C’est pourquoi l’Organisation Mondiale de la Santé a déterminé des limites maximales d’exposition : théoriquement, ce DAS doit être inférieur à 0,08.
Vous me direz que tous ces chiffres sont un peu rébarbatifs, d’autant que l’utilisation la plus classique aujourd’hui est le téléphone portable qui n’irradie pas le corps entier. C’est pourquoi on préfère parler de DAS local, qui correspond a une absorption bien localisée. Par exemple, en ce qui concerne le téléphone, on calcule les radiofréquences absorbées sur 10 grammes de constituants (peau, cerveau ou os) de la tête. Là encore, nos autorités de santé ont donné la norme. Le DAS local ne doit pas dépasser 2.
Pour les travailleurs, les niveaux limites d’utilisation correspondent au DAS divisé par 10, alors que pour le grand public, on divise par 50. En règle générale, on est à 1 à 5% du maximum autorisé, ce qui permet de penser que les normes qui nous protègent sont efficaces. Les constructeurs, opérateurs et distributeurs ont obligation de respecter cette norme. Vous en a-t-on déjà parlé lorsque vous avez acheté votre portable ? Probablement pas. Cela milite pour que le DAS des téléphones apparaisse de façon bien lisible.
Mais que risque-t-on ? Selon certains scientifiques, les portables seraient à l’origine de troubles du sommeil, de l’humeur, de fatigue ou de dépression. Mais aussi de migraines et de maux de tête, symptômes que l’on retrouve, il est vrai très souvent, dans les enquêtes auprès des utilisateurs.
Il n’existe pour l’instant aucune étude scientifique incontestée, mais on ne peut opposer aucun démenti à ceux qui affirment que le risque de dégâts liés aux ondes sur le cerveau et les parties sensibles du corps, en particulier les spermatozoïdes, existe.
Face à autant d’incertitudes, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a décidé, en 2011, de classer les ondes radios comme « possiblement cancérogènes pour l’Homme ». Cela signifie que nous n’avons pas la preuve que c’est cancérogène, mais nous ne pouvons pas affirmer pour autant que ça ne l’est pas…
En revanche, des doutes subsistent encore quant aux effets à long terme. On manque de recul pour pouvoir affirmer avec certitude que cela ne peut pas induire de problèmes de santé au bout de plusieurs décennies d’exposition.
Les conséquences de la téléphonie moderne se verront probablement dans les années et au-delà du débat danger ou pas, tout le monde semble d’accord pour en réduire la quantité. Oui… mais comment
Pas de catastrophe sanitaire en vue ni à prévoir.
En attendant les résultats des études nombreuses qui fleurissent un peu partout pratiquement toutes à charge dans les camps du pour et du contre, il y a quelques mesures extrêmement simples à appliquer dans le doute, dont la plus facile est d’utiliser le plus souvent possible le système mains libres et les écouteurs.
Alors on peut imaginer devant cette invention technologique sans précédent dans l’histoire de l’homme, quelle sera la réaction des humains si cette journée sans téléphone portable devait se transformer en semaine, mois ou année ? Probablement une autre révolution moins glorieuse, car les ondes, en particulier celles du téléphone, font partie de notre environnement et il est impossible d’imaginer aujourd’hui le monde sans leur présence.
Un dernier point : pourquoi le 6 février ? Parce que c’est la Saint Gaston ! Gaston un prénom indissociable du téléphone pour ceux pour qui le portable était une denrée rare et s’appelait « Radiocom 2000 ne quittez pas… ».
Nostalgie !
Docteur Jean-François Lemoine
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