Ces taux de survie montrent la capacité que présente un organisme jeune, par rapport à celui d’une personne âgée, de pouvoir se battre contre une cellule qui devient forte. Probablement parce que notre système immunitaire de défense se déprime en vieillissant. Alors que chez l’enfant, ces mêmes défenses sont à l’apogée de leur activité pour préparer le corps à toutes les agressions de la vie. On est probablement en passe de gagner la guerre contre la maladie, mais à condition de ne pas être débordé par le nombre de cas.
Or, les enquêtes épidémiologiques montrent que les cancers de l’enfant ont augmenté ces trente dernières années de 1 % par an. Pire, ceux des adolescents dans la même période de 1,5 %. Et de façon régulière, ce qui élimine des causes exceptionnelles comme l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl, responsable d’un pic d’augmentation indéniable à l’Est du continent, en particulier pour les cancers de la thyroïde. D’ailleurs, si l’on enlève ces cancers indiscutablement liés à l’accident, c’est à l’Ouest que l’augmentation est la plus importante, ce qui permet d’évoquer certaines hypothèses non encore vérifiées : certaines infections de la petite enfance qui pourraient déprimer le système immunitaire, ou encore des problèmes d’environnement, en particulier l’augmentation de l’utilisation d’insecticides et de pesticides.
Il y a aussi, toujours la surconsommation alimentaire qui revient inlassablement pour être aujourd’hui la première de nos préoccupations : il semble en effet, par exemple, qu’un poids élevé à la naissance soit en relation avec un risque accru de leucémie ou de tumeur cérébrale. Ce ne sont que des pistes encore assez vagues, qui ne doivent pas inquiéter les mamans de bébés un peu forts, mais nous pousser à réfléchir sur notre mode de vie moderne souvent excessif.
Car malgré les progrès conséquents réalisés, le cancer reste la deuxième cause de mortalité chez les moins de 15 ans, après les accidents. Autour de 2 000 nouveaux cas de cancer chez l’enfant et l’adolescent (avant 18 ans) sont ainsi répertoriés en France chaque année, soit un risque annuel de survenue d’environ de 1/500 à 600 enfants entre 0 et 18 ans.
La recherche de nouveaux traitements doit se poursuivre pour améliorer le pronostic des cancers pédiatriques et limiter les séquelles.
Docteur Jean-François Lemoine
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