Une petite histoire… Nous sommes début décembre à Paris ; un couple de Japonais en vacances réalise un rêve de 20 ans… Mais alors que tout s’était très bien passé la première semaine, depuis quelques jours, l’épouse est inquiète. Son mari, d’ordinaire calme, s’énerve un peu plus chaque jour. Et dans la nuit du 3 au 4, il réveille sa femme. Il est en sueur et à bout de souffle. Il se retrouve aux urgences. Et là, pas de doute possible, le cardiologue diagnostique un infarctus du myocarde, d’autant plus incompréhensible que rien jusqu’à ce 4 décembre ne pouvait dans l’histoire de ce malade le laisser suspecter.
Une histoire triste… mais le rapport avec le vendredi 13 ?
C’est un médecin originaire de Kyoto, membre de l’équipe de réanimation, qui permettra d’élucider cette incroyable histoire. Il va poser le diagnostic de syndrome de Baskerville, un mal qui résulte de la peur engendrée par le chiffre 4. En Chine et au Japon, ce chiffre et le mot « mort » se prononcent pratiquement de la même manière. Il existe dans ces pays une véritable superstition autour de ce chiffre : de nombreux hôpitaux ne comportent pas de 4e étage. Dans les ascenseurs, il n’est pas rare de passer directement du 3e au 5e. Peu de téléphones affichent ce numéro… Et les personnes superstitieuses évitent de voyager le quatrième jour du mois.
En vérifiant les certificats de décès de 200 000 Japonais ou Chinois vivant aux États-Unis, on s’est aperçu qu’il y avait un pic de mortalité cardiaque le 4e jour de chaque mois. La crainte de voir se produire une catastrophe ce terrible jour déclencherait alors un stress fatal chez les patients préalablement fragilisés sur le plan cardiaque.
Pas de panique, en Europe, la superstition autour du chiffre 13 n’a jamais provoqué d’incidents comparables.
Il y a un lien étroit entre les superstitions et la médecine ? Il vient du temps où la médecine moderne était très chère et souvent inaccessible. Les gens se tournaient vers les coutumes ancestrales, le spiritisme et les superstitions afin de trouver des remèdes, ou simplement à titre préventif. C’est comme cela que subsistent les superstitions. En particulier dans les pays en voie de développement…
Notre cerveau… Freud disait que le superstitieux interprète un événement produit par le hasard pour guider ses choix, et généralement, quand il se passe réellement quelque chose, c’est un acte manqué, et donc, une production de l’inconscient.
On dit que la chance se provoque et qu’elle ne serait pas uniquement une question de hasard… Être persuadé d'être né sous une bonne étoile permettrait de réussir ce que l'on entreprend ! Un médecin américain a étudié le profil de nombreuses personnes considérées comme chanceuses. Selon lui, les "chanceux" ont un état d'esprit particulier, plus ouvert aux différentes opportunités. De plus, ils sont globalement positifs, ce qui leur permettrait d'aller toujours de l'avant malgré les difficultés ; c’est ce que Pasteur résumait en une phrase : « la chance n’arrive que sur des esprits préparés ».
Dernière information : Toutes les phobies ont un nom médical… Même celle du Vendredi 13. On parle de : PARASKEVIDEKATRIAPHOBIE ! C’est très prétentieux, comme souvent dans les termes médicaux, je dirais, plus simplement, un vendredi 13, évitez les chats noirs…
Il y a, en général, 2 vendredis 13 par an. Aujourd’hui et le 6 novembre.
Je ne suis pas superstitieux… Mais de là à passer sous une échelle ! Il ne faut pas exagérer…
Docteur Jean-François Lemoine
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