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La chronique du Docteur Lemoine

Les bébés secoués… Inadmissible !

Par le Dr Jean-François Lemoine

Un chiffre qui fait peur : plus de 200, le nombre de bébés qui meurent chaque année parce qu'ils sont "secoués"... C’est un sujet tabou et bien évidemment, une maltraitance inadmissible. C’est toujours avant l’âge d’un an ; aucun milieu social n’y échappe, les pleurs de l’enfant sont le prétexte… et une seule secousse suffit !

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C’est dramatiquement simple : excédés par les pleurs, fatigués, les nerfs à fleur de peau, des parents ou des baby-sitters craquent nerveusement, empoignent le bébé et le secouent violemment  pour le faire taire. Une fois suffit ; et cela n’a rien à voir avec un choc. On ne peut pas faire la confusion avec une chute ; de la table à langer par exemple, qui est bien évidemment la première explication des parents qui se sentent coupables ; autre excuse évoquée : "On jouait, je l’ai un peu secoué !", disent le parent ou la nounou. Impossible ! Le secouement est un geste violent. Pas maladroit ou malencontreux. Pas un geste de la vie quotidienne : il ne peut être que volontaire compte tenu de sa violence.

C’est l’espace qu’il y a entre le cerveau et la boîte crânienne qui explique le mécanisme et les conséquences. Le cerveau bouge brutalement et s’écrase contre l’os. D’ailleurs, cet espace est plus important chez les garçons – cela explique pourquoi ils représentent 60 % des victimes. 

Jusqu’à l’âge d'un an, secouer un bébé peut être mortel. Après, le cerveau ayant pris toute la place, il ne peut plus bouger. 

Le taux de mortalité est de 10 à 40 %. L'issue n'est heureusement pas toujours dramatique... Pour autant, un bébé secoué risque d'autres séquelles, invisibles d'ailleurs dans un premier temps... Mais un seul secouement peut handicaper à vie et les lésions cérébrales se traduire par des défauts moteurs, visuels, intellectuels et comportementaux, et il faut des années pour s’en rendre compte.

Si ce ne sont pas les parents qui sont responsables, ils vont amener leur enfant qui, inévitablement, ne va pas bien, à l’hôpital. Là, les médecins vont se poser la question. Mais en cas de dissimulation, et bien c’est un devoir pour nous tous de signaler le moindre doute.

Le bébé secoué a le droit à être reconnu et traité comme victime d’une infraction pénale.

D’ailleurs, trois hôpitaux pédiatriques parisiens, la police et la justice ont signé un accord pour mieux collaborer pour prévenir cette maltraitance.

Éviter, anticiper, prévoir…

C’est normal qu’un enfant pleure longtempsEt s’il n’a pas faim, qu’il n’est pas mouillé, qu’il n’a pas de fièvre et qu’un gros câlin ne le calme pas, il faut fermer la porte et le laisser pleurer ! Ça peut durer longtemps sans que cela ne pose de problèmes. Bien évidemment, ce n’est pas toujours facile de l’isoler.

Tout le monde est susceptible d’être exaspéré au point d’avoir envie de secouer un bébé. Ce qui est anormal, c’est de passer à l’acte. Pour diverses raisons, le degré de tolérance de l’adulte face aux pleurs est très varié. Il est important de prévoir qu’on puisse être exaspéré par les pleurs d’un enfant et de mettre au point une stratégie pour y faire face. Il faut en parler à son médecin qui probablement dirigera le parent vers un psy…

 

Docteur Jean-François Lemoine

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