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Patients à risques

Bactéries ultra-résistantes : dépister les patients au retour de voyage

Alors que de plus en plus de bactéries résistent aux antibiotiques, le Haut Conseil de la santé publique incite désormais les hôpitaux à dépister les patients de retour d'un voyage dans un pays lointain. 

Bactéries ultra-résistantes : dépister les patients au retour de voyage DESIGNER491/ISTOCK




“Dans un contexte d’évolution de l’épidémiologie et des connaissances sur les bactéries ultra-réistantes (BHRe)”, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a actualisé le 16 janvier ses recommandations. L'une d'entre elles concerne notamment les personnes revenant d’un séjour à l’étranger d’au moins trois mois. Nous allons faire passer ce message : le dépistage est important dès lors que les conditions d’hygiène du voyage laissent penser qu’une exposition à des bactéries hautement résistantes est possible”, explique le professeur Didier Lepelletier, vice-président de la commission système de santé et sécurité des patients du HCSP au Monde dans un reportage paru lundi 27 janvier.

Si le monde entier a aujourd’hui les yeux rivés sur la Chine, à l’origine de l’épidémie de coronavirus, les professionnels de santé ont surtout l’Inde en tête, explique Le Monde. En effet, selon plusieurs études, entre 70 et 90% des touristes revenant de ce pays sont colonisés par des germes multi-résistantes dont ils n’étaient pas porteurs avant le départ. Plus inquiétant encore : la plupart d’entre eux n’ont ni fréquenté des hôpitaux ni pris des antibiotiques au cours de leur séjour.

“Les données de surveillance de Santé publique France montrent qu’un tiers des signalements de BHRe concernent des patients résidant ou ayant voyagé à l’étranger sans contact avec les systèmes de santé locaux. Il est ainsi désormais possible de surveiller des patients hospitalisés ayant voyagé récemment. L’analyse de risque de ces patients cibles doit tenir compte de plusieurs critères dont le type et la durée de séjours, l’épidémiologie connue du pays visité et la nature des contacts avec la population locale", note le HCSP dans son nouveau rapport.

La propagation des bactéries aux patients vulnérables 

Toutefois, selon une étude française menée sur 824 voyageurs, trois mois après le retour dans l’Hexagone, moins de 5% des personnes hébergent encore ces bactéries résistantes. Qui plus est, pour la plupart des personnes, la colonisation digestive est asymptomatique. Aussi, si le risque est faible au niveau des symptômes, les experts s’inquiètent surtout quant à la propagation des bactéries à d’autres patients vulnérables.

L’Inde n’est bien sûr pas le seul pays à risque. L’Afrique compte elle aussi son lot de bactéries hautement résistantes. A l’hôpital Bichat, à Paris, environ 75% des patients porteurs de ces dernières ont un lien direct avec l’étranger, surtout le Maghreb et l’Afrique subsaharienne. Chaque année, l’établissement dépiste une cinquantaine de bactéries hautement résistantes tandis qu’une dizaine de patients développent une infection. 

Désormais, il faudra donc “identifier dès leur arrivée les patients à risque d’être porteurs: porteurs de BHRe déjà connus, patients contact à risque élevé (situation épidémique), patients ayant un lien avec l’étranger (Hospitalisation/voyage/séjour à risque)", indique le HCSP. Ainsi, “le système d’information hospitalier doit permettre l’identification de ces patients à risque".

Trouver des alternatives aux antibiotiques

Etant donné les procédures d’isolement dont nécessitent les patients porteurs de bactéries résistantes et les surcoûts que cela entraîne, certains hôpitaux refusent de les prendre en charge. En moyenne, une personne porteuse d’une bactérie hautement résistante reste donc hospitalisée 23 jours de plus qu’un patient lambda, rappelle Le Monde.

Parmi les bactéries résistantes les plus meurtrières dans les hôpitaux européens, Klebsiella pneumoniae. En 2015, elle a coûté la vie à 2 094 personnes sur le continent, principalement à cause des infections nosocomiales qu’elle entraîne et contre lesquels les médicaments sont impuissants. C’est pourquoi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’a récemment incluse dans la liste des 12 bactéries contre lesquelles il faut de trouver de nouveaux antibiotiques le plus vite possible.  

Face à l’ampleur grandissante de l’antibiorésistance, de nombreux chercheurs travaillent à trouver des alternatives. On observe ainsi actuellement un regain d’intérêt pour les bactériophages, des virus omniprésents dans l’ensemble de la biosphère qui infectent les bactéries. De plus en plus de recherches sont donc menées afin de comprendre la composition du microbiome humain, une tâche colossale, étant donné que ce dernier est propre à chaque individu.   

En attendant que les scientifiques arrivent à venir à bout de ce travail titanesque, les gouvernements essayent de sensibiliser leurs citoyens à diminuer leur consommation d’antibiotiques. En Europe, les résultats commencent à payer, notamment en France où, d’après le dernier rapport de Santé publique France, elle a légèrement baissé en 2017, surtout chez les jeunes.

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