Il s'appelle "Al-Rad Companion Chest CT" et rien de ce qui apparaît dans un examen au scanner du thorax ne peut lui échapper. Derrière ce nom complexe se cache un logiciel d'intelligence artificielle utilisé depuis décembre 2019 à l'hôpital Foch de Suresnes et qui est capable d'effectuer automatiquement de nombreuses tâches qui aident le radiologue à poser son diagnostic.
"Il y a de moins en moins de radiologues et de plus en plus d'examens, le recours à l'intelligence artificielle permet d'améliorer cette situation en créant des radiologues 'augmentés'", explique sur le site I'Usine Digitale le professeur Philippe Grenier, radiologue thoracique et chef du projet "intelligence artificielle" de l'hôpital Foch.
Mais ce médecin voit avant tout dans cette technologie un formidable espoir pour le dépistage du cancer du poumon, l'un des cancers les plus répandus dans le monde et en France, où, avec près de 37 000 nouveaux cas par an (27 000 hommes et 10 000 femmes), il se place en quatrième position derrière ceux de la prostate, du sein et du colon-rectum et à la première place en terme de mortalité. "Cet outil va avoir une raison d'être formidable le jour où l'on va mettre en place le dépistage systématique du caner du poumon par scanner à partir de 50 ans", explique Philippe Grenier.
Repérer les signes qui peuvent échapper au regard des cliniciens
Ce logiciel mis au point dans le cadre d'une collaboration entre l'hôpital Foch et l'entreprise Siemens Healthinners est en effet capable de repérer sur les images issues d'un examen du thorax au scanner des signes cliniques qui peuvent échapper au regard classique des cliniciens.
Cette capacité qui facilite la pose d'un diagnostic précis repose sur l'utilisation des données que peut relever "Al-Rad Companion Chest CT" sur les images du thorax et qui permettent de segmenter les contours du poumon, de calculer le volume des lobes, de détecter des nodules pulmonaires pouvant être à l'origine d'un cancer, calculer l'ampleur de la destruction de la paroi des alvéoles dans l'emphysème pulmonaire, analyser l'aorte thoracique et évaluer les calcifications coronaires pour prédire le risque de maladies cardiovasculaires.
Un résultat en quelques minutes
Tout cela à partir dune manipulation simple et rapide: "Après l'acquisition des images du thorax fournies par le scanner, les images en 3D sont reconstruites et une sélection de ces reconstructions est envoyée dans le cloud où le logiciel d'IA va les analyser en apportant au radiologue un résultat au bout de quelques minutes", explique le professeur Grenier.
Cette technologie est une illustration de ce que peut apporter l'intelligence artificielle en santé: une analyse des données du patient qui dépasse en précision ce que peuvent faire les cliniciens. "A l'heure où se posent des questions d'éthique sur l'utilisation en santé des systèmes d'IA, il faut souligner qu'il serait aujourd'hui non éthique de ne pas les utiliser lorsqu'elles permettent une meilleure prise en charge du patient !", a déclaré le Dr Jacques Lucas, président de l'Agence Numérique en Santé, dans un débat organisé sur ce thème le 29 janvier par le syndicat de médecins CSMF. Un débat au cours duquel a été rappelée également la nécessité de veiller au respect du principe de la "garantie humaine" sur l'élaboration des systèmes d'IA comme sur l'utilisation de leurs résultats.
Ci-dessous, l'émission "Univers Médecins" sur le thème: "Intelligence artificielle et éthique":