Matérialiste…
La première, la plus matérialiste, est de dire que la connaissance des hormones sécrétées par notre organisme devenant de plus en plus précise, il est probable que nous pourrons dans les 30 prochaines années répondre à la plupart de nos interrogations. En apportant une preuve biologique à l’existence de mécanismes et de circuits qui, aujourd’hui, nous échappent. C’est vrai que des pistes sérieuses existent déjà avec même des succès dans le traitement de la dépression nerveuse. Tout serait sous le contrôle de ces substances, les neuromédiateurs, qui commandent à distance l’essentiel de notre vie intérieure. Rassurant, mais peut-être un peu optimiste.
Il manque un concept pour comprendre…
La deuxième hypothèse est qu’il manque un concept pour comprendre. Et qu’en l’absence de ce concept, tous nos efforts sont un peu dérisoires. Ce que j’aime traduire par l’image suivante. Nous sommes dans la situation d’un chimpanzé, heureux de s’apercevoir qu’en tournant un boulon dans un sens, on l’enlève, et dans l’autre sens, on le fixe. Une découverte intéressante, bouleversante même pour un chimpanzé. Oui mais voilà, ce que le primate n’a pas compris, c’est que ce boulon est partie intégrante du plus abouti des moteurs, celui d’une Ferrari, par exemple. Et, en comprenant simplement l’utilité du boulon, notre chimpanzé est encore bien loin du concept de l’injection électronique, plus encore de la finalité de la voiture. Et bien face à la compréhension de notre cerveau, nous ne sommes guère éloignés de ce chimpanzé devant son moteur. Prenons la mémoire, par exemple, nous n’en sommes en fait qu’à des bribes de la simple compréhension du stockage…
Philosophique…
La troisième hypothèse est celle des philosophes. On y trouve deux courants de pensée. Le plus aisé, celui des croyants, consiste à dire que le jour où Dieu l’aura décidé, nous comprendrons le mystère. Un peu facile. Je préfère l’analyse "brillantissime" de Jacques Monod, qui fut prix Nobel de médecine. En résumé, il dit : « L’objet ne peut pas être le sujet ». En clair, parce qu’il est le cerveau, le cerveau ne pourra jamais comprendre ni expliquer le cerveau…
Docteur Jean-François Lemoine
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