La grippe est une maladie sérieuse. Surtout pas anodine.
Peu de gens y échappent tout au long de leur vie, mais oublient très vite l’état de malaise profond qu’elle provoque, parce que la grippe guérit sans séquelles. La vraie grippe est un instant où l’organisme subit un véritable pilonnage, par le virus qui se reproduit à une vitesse folle dans l’organisme. Heureusement, il est plutôt fragile et très sensible à la fièvre qui est notre principal moyen de défense, un peu moins quand il s’agit d’un coronavirus. Elle laisse un organisme fatigué pour de longues semaines.
Les antibiotiques ne servent à rien
La grippe est un virus, donc insensible aux antibiotiques. Ceux-ci ne sont prescrits que si une bactérie profite de l’état de faiblesse de l’organisme pour le surinfecter.
Si ce n’est pas le cas, des boissons abondantes, du paracétamol… et le repos au lit suffisent !
Il n’y a pas un, mais des virus de la grippe
C’est la course contre la montre à laquelle se livrent, chaque année, les spécialistes de la maladie : observer et prévoir les mutations de ce virus très volage. D’une année à l’autre, les virus se ressemblent… sauf que parfois, l’un devient très différent. C’est le cas de ce coronavirus et c’est à ce moment-là que l’on craint une épidémie mondiale, face à un ennemi que l’on n’attendait pas et que, surtout, on connaît mal.
Avoir la grippe protège de la grippe… mais mal !
Une attaque par un virus provoque la fabrication par le corps de défenses spécifiques, ce qui explique que l’on ne fait pas deux vraies grippes la même année et que l’on est protégé contre le virus l’année suivante si celui-ci ne connaît pas de mutation importante. Ce qui est généralement le cas et impose donc une nouvelle vaccination. Ceux qui sont atteints par ce qu’ils appellent une « deuxième grippe », le sont par ce que l’on appelle un syndrome pseudo grippal, c’est-à-dire une infection qui ressemble à la grippe. Ils sont, en fait, les victimes d’un autre virus que celui de la grippe.
Il faut se vacciner tous les ans
Chaque année, les virus qui atteignent la France sont, soit les mêmes que l’année précédente, soit porteurs d’une certaine mutation. Ce qui explique que la composition du vaccin change un peu, mais aussi que chaque année, la protection est de plus en plus efficace pour ceux qui se vaccinent tous les ans. C’est sans doute un des effets de la vaccination généralisée et gratuite chez les seniors, qui explique que la grippe sévère touche des adultes de plus en plus jeunes.
Les enfants fragiles doivent être vaccinés
Il n’y a aucun doute sur le sujet : tous les enfants qui souffrent de maladies chroniques, qui ont des problèmes respiratoires, ce que l’on appelle des enfants « fragiles », doivent être vaccinés. Ce qui est théoriquement la règle en France.
Les États-Unis vaccinent tous les enfants
Les pédiatres américains recommandent la vaccination contre la grippe à partir de l’âge de 6 mois, pour les protéger, mais aussi avec l’espoir de voir l’importance de la maladie décroître au fil du temps.
Tous les virus de la grippe ne sont pas équivalents
Chaque année, le virus « final » est toujours une bonne ou une mauvaise surprise en fonction de la « virulence » des mutations quasi constantes.
On doit craindre le « méchant » virus
Ce n’est pas la grippe classique qui terrorise aujourd’hui les spécialistes des maladies infectieuses, mais plutôt l’imminence d’un mariage diabolique. Celui de la force et du voyageur. La force, c’est le virus de la grippe aviaire, une machine à tuer que la nature confine à l’organisme de quelques volatiles résistants, mais qui parfois, pour des raisons que l’on connaît mal – promiscuité, manipulations inhabituelles – effectue un passage remarqué chez l’homme. Avec des conséquences effroyables : mortalité proche de 100% et contagiosité maximum. Heureusement, c’est un tueur fragile et casanier. Le voyageur, chez les virus, vous le connaissez bien. C’est celui de la grippe. Volage, il aime l’union libre. C’est pour cela qu’il n’est jamais identique d’une année sur l’autre et que chaque automne, on doit se revacciner. C’est surtout un routard inépuisable dont le tour du monde annuel se traduit par des dizaines de millions de contaminations humaines toujours désagréables, parfois graves et mortelles.
Le microbe aime les étreintes parfaites. Le résultat est un nouveau virus qui prend les qualités des deux parents. Alors si un jour la grippe aviaire rencontre la grippe traditionnelle, s’unit puis passe chez l’homme, c’est un tueur voyageur, une arme de destruction massive qui s’apprêtera à déferler sur la planète.
Science-fiction ? Hélas non. Cet épisode du coronavirus en est l’illustration. Ces noces sont, paraît-il, en train de se produire avec comme témoin de mariage… un cochon ! C’est en effet en passant par l’intermédiaire du porc, un organisme proche de celui de l’homme, que le virus apprend à nous coloniser et nous détruire. Son apprentissage terminé, il ne lui reste plus qu’à entreprendre son tour du monde mortel.
Un scénario que craint l’Organisation Mondiale de la Santé depuis quelques années, suivie aujourd’hui par les médecins chinois qui montrent que pour éteindre une épidémie de quelques milliers de cas, ils sont prêts à mettre une population égale à celle de la France en quarantaine. Les prévisions, si ce mariage diabolique donne naissance à un virus, sont, en cas d’épidémie, de plusieurs centaines de milliers de morts, rien que pour notre pays.
C’est rappelons-le, l’OMS qui le dit. Des scientifiques qui ont plutôt la réputation de manier la langue de bois. Leur franchise fait aujourd’hui froid dans le dos. Il faut dire que l’histoire est là pour leur rappeler qu’un des derniers mariages de la grippe avec une Espagnole a fait, en 1919 et les années suivantes, près de 50 millions de morts sur notre planète.
Docteur Jean-François Lemoine
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