La marche est une activité très douce pour les articulations, à la différence de la course à pied. Lorsque l’on court, en fonction de l’intensité de cette course, les membres inférieurs supportent une contrainte et des chocs représentant de 2 à 4 fois le poids du corps. À titre de comparaison, la marche à pied n’oppose une contrainte que de 1,5 fois le poids du corps.
Stockholm express
C’était il y a un certain temps. Je l’ai croisé lors d’une de mes habituelles tentatives de reprendre une activité physique acceptable. Il avait un parfait look d’écolo-tabagique (ce n’est pas incompatible). Pur produit pili-pili, roquette, eau claire et Gitanes sans filtre. Visiblement pas gêné par mon regard narquois. J’étais en train de peiner à un petit dix minutes quinze secondes au kilomètre, comme la voix suave de mon application venait de me l’annoncer, soit pas encore 6 kilomètres/heure, mon but de la semaine. La vision de cet écorché, perdu en bord de Seine alors qu’il était équipé comme un skieur de fond, m’avait redonné le sourire. Droit comme un I, lançant deux grands bâtons de ski en des moulinets rapides, la vision avait été assez furtive, mais tout de même réjouissante. Suffisamment pour que je puisse élaborer quelques scenarios burlesques. Puis je l’avais oublié, concentré sur ma souffrance.
Cela a commencé par un bruit ressemblant à celui d’un vélo mal réglé, puis un souffle rauque et – je vous jure que c’est vrai – une sorte de vent arrière, lorsqu’il m’a doublé quelques dizaines de minutes plus tard. Juste le temps de le reconnaître et il avait vite pris une cinquantaine de mètres. Je m’étais promis de ne pas courir. Trop traumatisant pour mes articulations, encore trop sensibles à mon surpoids. Mais je voulais en avoir le cœur net. Très vite mon compteur a dépassé les 10 kilomètres/heure. Sans que je regagne le moindre mètre. Mes poumons ont crié grâce avant mon corps. Je me suis rapidement dirigé vers la maison et mon ordinateur pour vérifier que la marche nordique n’était pas un passe-temps de Suédois déprimé, mais une vraie façon d’optimiser intelligemment l’effort de la marche à pied, grâce à deux bâtons qui n’ont qu’une vague ressemblance avec ceux du ski de fond. Ils permettent, en plus d’une vraie stabilité en montagne, de gagner en puissance et en efficacité. Depuis ce jour, je ne moque plus de ces étranges marcheurs qui n’ont pas fait tant d’émules que cela. C’est dommage, mais dans notre pays, la peur du ridicule l’emporte souvent sur le pragmatisme.
Vive la marche nordique !
Il faut marcher le plus rapidement possible, sans provoquer ni douleur ni essoufflement et augmenter chaque jour, si possible, la durée et surtout, la distance. Pendant la marche, même rapide, la conversation doit toujours rester possible, ce qui est la meilleure méthode pour contrôler l’essoufflement.
Tous les moyens sont bons pour marcher : objectifs de promenade, en extérieur, ou sur tapis en salle de sport…
L’idéal : la marche nordique, avec des bâtons. Il faut aller au-delà de la notion de ridicule qui empêche certains de se priver du plaisir de marcher vite, beaucoup plus vite que d’habitude, tout en faisant travailler les bras, ce qui rend le principal reproche de la pratique de la marche caduque. Faire travailler les bras devrait d’ailleurs être un des objectifs principaux après la cinquantaine, en particulier chez les femmes. Alors vive la marche… nordique !
Docteur Jean-François Lemoine
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