ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Protéger ses reins, c’est protéger son cœur

La chronique du Docteur Lemoine

Protéger ses reins, c’est protéger son cœur

Par le Dr Jean-François Lemoine

La Journée Mondiale du Rein, l’occasion de mettre sur le devant de la scène un organe courageux et discret, et indispensable à la vie. On dit toujours que le foie est le prince de l’organisme, car même détruit aux 3/4, il continue son travail comme si de rien n’était. C’est oublier un autre organe tout aussi essentiel et qui assure une vie quasi normale, même lorsque 95 % ont rendu l’âme. C’est le rein…

SvetaZi / iStock

 

On parle peu du rein. Cette journée vient réparer chaque année cette injustice, pour nous sensibiliser à l’importance des maladies rénales, le plus souvent silencieuses donc à diagnostic trop tardif.

Nos modes de vie actuels, avec une alimentation trop riche et déséquilibrée, la sédentarité, sont des facteurs aggravants. Surtout chez les diabétiques et les hypertendus. Protéger ses reins, c’est protéger son cœur.

La nature nous a gratifiés de 2 reins, le seul organe réellement vital 24 h sur 24 qui est en double. Toutefois, de nombreuses personnes naissent avec un seul rein et ne s’en aperçoivent jamais, comme celles d’ailleurs qui en ont 3 ! Le rein est une centrale de filtration d’une qualité telle que l’homme n’a jamais su reproduire dans nos collectivités. On réfléchit en effet rarement à ce que représente le simple phénomène de la digestion et la fourniture en besoin d’énergie de toutes les cellules de notre corps.

 

La digestion

On part de la bouche… Qui est une zone plus importante pour la digestion qu’on ne le pense. Il faut prendre le temps de mastiquer, ce sera cela de moins à faire pour notre estomac ; c’est dans la bouche que les premiers produits de dégradation vont agir. Puis on avale, et tout descend dans l’œsophage, qui n’est pas un tuyau inerte mais un muscle très puissant. La preuve, si ce muscle n’était pas aussi efficace, on serait bien embêté lorsque l’on fait le poirier après un repas, ce qui n’est pas fréquent mais juste une image pour illustrer le rôle de l’œsophage.

On arrive ensuite dans l’estomac, qui est, lui aussi, un muscle mais qui plus est un récipient qui contient de l’acide encore plus puissant que l’acide chlorhydrique. Il en ressort une bouillie prête à être triée.

 

Le nettoyage du sang

La digestion se poursuit par un tri fantastique où tout est séparé, absorbé ou rejeté. Les résidus partent vers les selles. Les liquides et les bons produits passent à ce niveau dans le sang. La circulation sanguine se charge au passage après avoir déposé les éléments essentiels de reprendre les résidus de la chaudière.

D’abord le foie, puis les 2 reins, se chargent d’épurer, dans lesquels rentre un sang chargé de déchets qui repart totalement purifié.

Tout ressemble à une centrale d’épuration ultra sophistiquée et microscopique. Le rein possède après filtration son propre système de transport de produits inutiles ; c’est ce que l’on appelle l’urine.

 

Quand le rein ne va plus, rien ne va

Avec le rein, on rentre dans le domaine de l'informatique de pointe. C'est par exemple au rein que revient le contrôle de l'acidité du sang. Une donnée fondamentale, vitale... Le rein contrôle également la concentration en sodium et potassium, des éléments incontournables pour les échanges à l'intérieur de notre corps. Sans rein, l'organisme ne peut plus vivre car l'entassement des déchets se traduit vite par un coma gravissime. Un service d'épuration qui ne peut pas connaître la grève et qui, pour travailler à un bon niveau, doit éliminer un litre à un litre et demi d'urine par jour.

Ce qui permet de répondre à la sempiternelle question : combien doit-on boire de liquide par jour ?

Il n’y a pas un chiffre à retenir car cela dépend de la chaleur. En fait, la seule façon de le contrôler est bien de vérifier que la sortie se traduit par un litre, un litre et demi.

Les principales maladies des reins sont extrêmement nombreuses, trop nombreuses pour les passer en détail.

Les traitements sont également tout aussi nombreux et plutôt efficaces, mais lorsque le rein ne peut plus fonctionner, ce que l’on appelle l’insuffisance rénale : il faut alors avoir recours à un appareil extérieur pour faire son travail, c'est ce que l'on appelle la dialyse.

 

Le rein « artificiel »

La dialyse s’appelait autrefois le rein artificiel. Une méthode parfaitement au point, si ce n’est qu’elle est synonyme de bouleversement de la vie quotidienne et assez dure à supporter pendant des années.

 

Le donneur vivant

On peut aussi lui préférer la transplantation. En effet, le terme de greffe est impropre, pour la seule raison qu’on ne remplace pas le rein malade ; on le laisse en place mais on en amène un nouveau ; c’est pour cette raison que le terme exact est « transplantation rénale ».

La transplantation rénale a été inventée en France. Elle est parfaitement au point, pas très difficile à réaliser et ne suscite que peu de rejets… Seuls manquent les donneurs. C’est vrai que l’organe étant double, cela autorise par exemple le recours à des donneurs vivants, dont les résultats sont d’ailleurs meilleurs… S’il y a eu plus de greffes en 2019 en France que l’année précédente, le nombre de greffes de rein avec donneur vivant est en recul depuis plusieurs années. Un phénomène inquiétant pour les médecins. À noter que cette baisse de donneurs vivants n’est pas liée aux refus de prélèvements d’organes. Ils restent stables depuis plusieurs années (30 à 30,5%).

Prendre soin de ses reins, c’est prendre en charge sa santé de demain !

Docteur Jean-François Lemoine

Abonnez-vous aux chroniques du Dr Lemoine
@DrLemoine