L’OMS a tranché. Après des jours d’hésitation, l’Organisation mondiale de la santé a finalement qualifié jeudi 30 janvier l’épidémie de coronavirus venue de Chine d’urgence de santé publique de portée internationale. Elle continue toutefois à s’opposer à toute restriction sur les voyages ou échanges commerciaux avec l’Empire du milieu.
“Notre plus grande préoccupation est la possibilité que le virus se propage dans des pays dont les systèmes de santé sont plus faibles (…) Laissez moi le dire clairement, cette déclaration n'est pas un vote de défiance envers la Chine”, a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une réunion du comité d’urgence de l’organisation à Genève en Suisse. “L’OMS ne recommande pas de restreindre les voyages, les échanges commerciaux et les mouvements [de population], et s’oppose même à toute restriction aux voyages”, a-t-il poursuivi.
Le comité d’urgence de l’OMS est présidé par le Français Didier Houssin et composé de 16 experts. La semaine dernière, ils avaient refusé par deux fois de qualifier l’épidémie d’urgence de portée internationale, terme utilisé dans le passé pour désigner Ebola en Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016 ou Zika en 2016. Les spécialistes souhaitaient attendre d’avoir plus d’informations de la part de la Chine et des preuves de transmission humaine du coronavirus dans d’autres pays afin de répondre à ces critères.
Des recommandations à tous les pays afin de limiter la propagation de l’épidémie
Malheureusement, ces derniers jours, des cas de transmissions entre humains sont apparus en dehors de Chine, où le bilan fait désormais état de 213 morts et de près de 10 000 personnes contaminées. En tout, 18 autres pays sont officiellement touchés, avec 98 cas confirmés au total. “Bien que ces chiffres [en dehors de la Chine] soient relativement faibles […], nous devons agir ensemble pour limiter la propagation”, a expliqué Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Outre la Chine, des transmissions interhumaines ont été enregistrées en en Allemagne, au Japon, au Vietnam, aux États-Unis et en France. Dans l’Hexagone, les autorités sanitaires ont par ailleurs confirmé jeudi un sixième cas de coronavirus. Ce vendredi 31, quelque 200 Français vont être rapatriés de Wuhan (Chine), épicentre de l’épidémie coupé du monde depuis une semaine.
La déclaration d’urgence internationale de l’OMS s’accompagne de recommandations à tous les pays afin d’empêcher ou de limiter la propagation transfrontalière d’une maladie. Afin d’éviter des perturbations inutiles, l’agence peut demander aux Etats de fournir des justifications scientifiques en cas de restrictions imposées aux déplacements et échanges commerciaux. Elle ne peut toutefois pas les sanctionner pour avoir pris de telles décisions.
Un taux de mortalité autour de 3%
Il y a quelques jours, les experts ont annoncé que l’épidémie de coronavirus 2019, baptisé 2019-nCoV, devrait durer plusieurs mois et faire des dizaines de milliers de malades. Parmi les signes qui doivent vous alerter : une fièvre supérieure à 38,1°C (observée dans 98% des cas), des courbatures, des frissons, des quintes de toux (recensées dans 76% des cas), des maux de tête, une intense fatigue (observée chez 44% des patients), des diarrhées, ou encore, des difficultés respiratoires dans les cas les plus sévères (55% des malades). La période d’incubation est estimée à environ deux semaines.
Jusqu’à présent, le taux de mortalité du coronavirus se situe aux alentours de 3%, mais il a tendance à monter quand les patients les plus vulnérables meurent et à baisser ensuite pour remonter à nouveau.