Des chercheurs de la New York University (Etats-Unis) lèvent le voile sur une partie des mécanismes de développement des capacités d’apprentissage et de mémoire qui restent encore très flous. Cette étude, publiée dans la revue Nature Communications, révèle l’influence des premières expériences de la vie sur la manière dont se façonne notre cerveau.
De quoi imaginer de futures thérapies
Les expériences au début de la vie ont des répercussions sur le développement biologique et fonctionnel du cerveau. Une découverte qui ouvre un important champ d’implications comme “l’influence de l’environnement sur la santé mentale, le rôle de l'éducation, l'importance de la pauvreté et les répercussions des paramètres sociaux”, décrypte Cristina Alberini, autrice principale de l’étude. De quoi imaginer d’éventuelles interventions thérapeutiques chez les nourrissons. “En identifiant les périodes critiques pour le développement du cerveau, ils fournissent un indicateur du moment où les interventions pharmaceutiques, comportementales ou autres peuvent être les plus bénéfiques”, précise la chercheuse.
L’objectif de l’étude est d’étudier les éléments biologiques liés aux souvenirs épisodiques, ceux d'événements ou d'expériences spécifiques, chez les nourrissons en utilisant des rats et des souris. Les scientifiques ont observé comment ces différentes expériences façonnent les capacités d'apprentissage et de mémoire.
Deux expériences pour tester la mémoire
Pour la première expérience, les chercheurs ont placé des bébés rats et des souris dans une petite boite et leur donné un léger coup aux pattes. Pour tester leur mémoire, ils les ont replacé dans ces boites pour observer leur réaction. Si les animaux montrent une forme d’hésitation, cela montre qu’ils ont le souvenir d’avoir déjà été dans cette boite.
Dans la seconde expérience, les bébés rats et souris ont été exposé à de nouveaux objets dans un espace donné. Les rongeurs qui ont une mémoire pour cette expérience se montrent plus actifs dans l’exploration vers un nouvel emplacement d’objet. Cela est dû à une tendance naturelle pour l’exploration de nouveaux emplacements d’objets.
Ces deux expériences, le contexte et la localisation d’objets, sont stockés par le même système de mémoire.
“Ce que vivent et apprennent les nourrissons est crucial”
Les résultats de ces deux expériences ont montré que le cerveau des rongeurs a mûri aux niveaux biologique et fonctionnel. Ces expériences épisodiques ont conduit à des changements biologiques uniques chez ces derniers que les chercheurs n’ont par la suite pas observé chez des rats et souris adultes. “Il est clair que le cerveau du nourrisson utilise des mécanismes biologiques distincts pour former et stocker des souvenirs épisodiques”, écrivent les chercheurs.
Ces résultats indiquent que des expériences spécifiques lors des premiers moments de la vie contribuent aux différences individuelles dans les capacités d’apprentissage et de mémoire. “La formation de la mémoire est importante pour la réflexion, l'apprentissage futur, la planification, la prise de décision, la résolution de problèmes, la réflexion, l'imagination et la capacité globale de se forger un sentiment de soi”, concluent les auteurs. “Cela signifie que ce que les nourrissons apprennent et vivent est crucial pour leur développement ultérieur.”