Hyperventiler pour mieux surveiller le rythme cardiaque. Auparavant utilisée par le corps médical pour le diagnostic des maladies cardiaques ischémiques, cette technique se révèle être un traitement efficace des arythmies cardiaques, lorsque les battements du cœur se font irréguliers.
L’étude, menée à l’université de Birmingham (Royaume-Uni) et publiée dans la revue Frontiers in Physiology, affirme que la technique qui consiste à faire hyperventiler des patients conscients et non traités grâce à un masque à oxygène peut contribuer grandement à traiter les battements cardiaques irréguliers. Selon les chercheurs, si l'on demande aux personnes souffrant de problèmes cardiaques de retenir leur respiration en toute sécurité pendant plus de 5 minutes, cela peut permettre de traiter les battements cardiaques irréguliers.
On parle d’hyperventilation lorsqu’on demande à une personne d’exagérer sa manière de respirer en la poussant au maximum, tant au niveau de l’inspiration que de l’expiration. Cette technique a pour conséquence de changer les proportions de gaz contenus dans notre sang, en augmentant l’apport en oxygène au détriment du dioxyde de carbone. L'équipe sait que l'hyperventilation peut provoquer une hypocapnie, c’est-à-dire une diminution de la pression artérielle accompagnée d’une baisse du dioxyde de carbone dans le sang. Cette réaction entraîne à son tour une constriction temporaire des artères coronaires.
Disparition des angines de poitrine
Pour cette étude, l’équipe de chercheurs a fait appel à 18 volontaires, tous non-fumeurs et en bonne santé, âgés entre 20 et 30 ans. Dans le même temps, ils ont également fait passer des tests à 10 hommes âgés entre 43 et 72 ans, qui avaient tous déjà souffert d’une angine de poitrine et qui avaient actuellement une maladie coronarienne grave en attente d’un pontage. L’angine de poitrine, aussi appelée angor, est un des symptômes caratéristique de la maladie coronarienne, qui se manifeste lorsque le cœur n’a pas suffisamment d’oxygène, et qui provoque une forte douleur au niveau de la poitrine, avec la sensation d’un cœur “pris dans une étau”.
Equipé de masques respiratoire et entouré d’une équipe médicale, les chercheurs ont demandé aux sujets de bloquer leur respiration pendant cinq minutes. En s’exerçant à retenir leur respiration le plus longtemps possible avant d’expirer et de recommencer, les sujets se mettent en situation d’hyperventilation.
Chez les sujets “normaux”, cette hyperventilation a provoqué une hypocapnie, qui s’est accompagnée d’une baisse significative du dioxyde de carbone dans le sang et d’une augmentation du rythme cardiaque moyen. Cependant, les chercheurs se sont aperçus que l’hypocapnie n’entraînait aucun changement particulier sur leur cœur.
En revanche, le même test passé par les sujets souffrants de maladie coronarienne a donné des résultats surprenants. La baisse du dioxyde de carbone dans le sang n’a pas eu d’effets sur leur rythme cardiaque ou leur pression artérielle. Mieux, lors de la phase d’hypocapnie, aucun des participants n’a souffert d’une quelconque gêne respiratoire ou d’une angine de poitrine, alors que cette dernière se manifeste lorsque le cœur est sous oxygéné.
L'auteur principal de l’étude, le docteur Michael Parkes, chercheur à l'école des sciences du sport, de l'exercice et de la réadaptation de l’université de Birmingham, explique qu'au départ, l'équipe de chercheurs voulait découvrir si cet effet pouvait être exploité comme “système d'alerte précoce” pour diagnostiquer les maladies coronariennes.
Des résultats prometteurs
Pour l'équipe de recherche, un travail supplémentaire est nécessaire dans ce domaine pour l'établir cliniquement comme un traitement potentiel, ils confirment avec cette étude que l'hyperventilation mécanique et l'hypocapnie sont bien tolérées et peuvent être sans danger pour les patients souffrant d’angine de poitrine.
Cette nouvelle découverte démontre que l’arrêt de la respiration de plus de cinq minutes peut soutenir une nouvelle technique émergente dans laquelle la radiothérapie, au lieu de la radiofréquence ou de la congélation, peut être utilisée pour l'ablation cardiaque. La procédure dans laquelle les personnes souffrant d'arythmies subissent une radiothérapie ciblée, appliquée de l'extérieur de la poitrine, pour détruire les tissus permettant à des signaux électriques incorrects de provoquer un rythme cardiaque anormal, est prometteuse.
Selon Michael Parkes, la respiration est problématique puisque chacune d’entre elle provoque le mouvement du cœur dans la poitrine. “On est encore peu conscient de la simplicité, de la disponibilité et de la sécurité de l'hyperventilation mécanique non-invasive”. L'étape suivante consiste à tester cette technique chez des patients souffrant d'arythmie cardiaque pour voir si eux aussi peuvent retenir leur souffle suffisamment longtemps pour appliquer la radiothérapie.