C'est à ce jour le travail le plus complet réalisé sur le séquençage du génome des tumeurs cancéreuses. Répartis dans le monde entier, 1 300 chercheurs se sont appuyés sur le séquençage du génome entier de 2 600 tumeurs correspondant à 38 types de cancers distincts pour mieux comprendre les mutations génétiques impliquées dans l'apparition et le développement de la maladie. Cette analyse, appelée “Pan Cancer Project” a été publiée le 5 février dans la revue Nature.
Le cancer est une maladie liée à des mutations génétiques qui modifient le processus normal de la régulation de la croissance cellulaire, d'où l'intérêt d'un séquençage du génome des tumeurs. Cela permet d'éclairer sur les mutations génétiques qui provoquent l'apparition et la multiplication des cellules cancéreuses, sur les différences entre les tumeurs pour une même maladie d'un individu à l'autre et sur des points communs que l'on peut retrouver dans différents types de cancers.
“Un grand nombre de mutations génétiques possibles pour chaque tumeur”
Les travaux menés dans le cadre du “Pan Cancer Project” qui démontrent “le grand nombre de mutations génétiques possibles pour chaque tumeur et la différence qu'il peut y avoir entre le cancer d'un patient et celui d'un autre”, sont d'ailleurs bien en phase avec les évolutions en matière de prise en charge des maladies cancéreuses. Celles-ci qui s'appuient de plus en plus sur le fait que chaque tumeur, donc chaque patient, est unique et que les traitements, grâce notamment au traitement des données recueillies chez l'ensemble des malades, doivent être individualisés.
Si les scientifiques qui ont participé au “Pan Cancer Project” reconnaissent que leur travail n'a pas, dans l'immédiat, d'applications thérapeutiques, ils soulignent l'intérêt qu'il présente pour la prévention et l'amélioration des soins. “Les connaissances accumulées sur l'origine et l'évolution des tumeurs pourraient permettre de développer de nouveaux outils pour détecter les cancers plus tôt et mettre au point des thérapies plus ciblées”, explique le docteur Lincoln Stein, un des pilotes du projet, cité par le site de l'Express.
Des mutations similaires dans des cancers touchant différentes parties du corps
Parmi ces connaissances, certaines sont de nature à faire rapidement bouger les choses. Les analyses réalisées démontrent ainsi que les mutations génétiques à l'origine des cancers peuvent parfois débuter dès l'enfance, c'est-à-dire des décennies avant que les diagnostics classiques puissent repérer la maladie. Une véritable avancées en matière de prévention.
Autre avancée qui peut amener à une amélioration rapide dans la prise en charge du cancer : le fait que des mutations similaires ont été observées dans des cancers touchant différentes parties du corps. “Il y a certains cancers du sein et de la prostate dans lesquels ont repère des mutations similaires, cela veut dire qu'un patient atteint d'un cancer de la prostate pourrait bénéficier de traitements administrés habituellement dans le cancer du sein”, précise Joachim Weischenfeldt, un autre scientifique ayant participé aux travaux du “Pan Cancer Project”.