Des chercheurs américains ont émis l’hypothèse que la construction de la personnalité de la psychopathie, trouble mental qui se caractérise par une défiance du contrôle des émotions et des impulsions, peut fournir un cadre permettant de comprendre et prédire l’objectivation sexuelle c'est à dire le fait de considérer l'autre comme un simple objet sexuel. Pour ce faire, ils se sont basés sur les personnalités de patients atteints de psychopathie et ont publié leurs résultats dans la revue Personality disorders.
Des caractéristiques plus présentes chez les hommes
Les auteurs de l’enquête se sont appuyés sur un questionnaire d’auto-évaluations transmis à 800 Américains. Ces derniers ont été interrogé sur des attitudes et des comportements liés à l’objectivation sexuelle mais également à des traits de personnalités liés à la psychopathie. Il est apparu des résultats à ce questionnaire que les traits de caractère sombre — tels que le sadisme, la faible empathie affective, le narcissisme, la désinhibition et la méchanceté — et la rivalité sont les deux éléments annonciateurs d’une attitude d’objectivation sexuelle de l’autre. La désinhibition et la froideur affective sont deux autres traits de caractère spécifique à ce type de comportement.
Si un nombre plus important d’hommes a été identifié comme pouvant adopter une potentielle attitude d’objectivation sexuelle, les femmes qui présentent cette potentialité ont des caractéristiques relatives à la psychopathie plus marquées que les autres. “Les normes sociales pouvant être beaucoup plus fortes contre les femmes qui objectivent sexuellement les autres, cette attitude peut donc être moins susceptible d'être exprimée, sauf chez les femmes ayant des degrés plus élevés de ces traits de personnalité”, estime Thomas Costello, co-auteur de la recherche.
Une grande opportunité pour la recherche
Les auteurs de l’étude ajoutent que les résultats ont confirmé leur hypothèse selon laquelle les traits psychopathiques modèrent la relation entre les attitudes d’objectivation sexuelles et le passage à l’acte. “Comprendre les traits de personnalité associés à l’objectivation sexuelle nous permet d'identifier les personnes qui risquent d'avoir cette attitude et éventuellement, de mettre en place des programmes d'intervention ciblés”, déclare Thomas Costello.
Ces résultats sont importants car l’objectivation sexuelle est généralement un précurseur du harcèlement et de la violence sexuelle. “Le débat de société actuel et la prise de conscience croissante du problème de l'objectivation sexuelle sont une grande opportunité pour la recherche sur les raisons de ce phénomène”, conclut le chercheur.