Li Wenliang, 34 ans, était parmi les premiers à avoir détecté la présence du nouveau coronavirus en Chine en décembre et à avoir donné l'alerte. L'ophtalmologue est décédé ce vendredi du virus à l'hôpital central de Wuhan, la ville où s'est déclarée la maladie, après avoir soigné des patients.
Estimant que les symptômes de sept personnes travaillant sur le marché aux animaux de la ville rappelaient ceux du coronavirus SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) qui avait contaminé plus de 8 000 personnes et fait 774 morts dans le monde entre 2002 et 2003, il avait préconisé à ses collègues de porter des masques et des combinaisons. Ce qui lui avait valu des réprimandes de la part des autorités qui estimaient qu'il ne faisait qu'alimenter des rumeurs pouvant troubler l'ordre social.
Arrêté et détenu pour avoir sonné l'alerte
Il avait été arrêté par la police de Wuhan avec 8 autres médecins lanceurs d'alerte le 1er janvier 2020. Le 3 janvier, il avait été forcé de signer un procès verbal reconnaissant qu’il avait fait “des commentaires erronés” pouvant “fortement perturber l’ordre social”.
“Votre action va au-delà de la loi. Vous envoyez des commentaires mensongers sur Internet. La police espère que vous allez collaborer. Serez-vous capable de cesser ces actions illégales ? Nous espérons que vous allez vous calmer, réfléchir, et nous vous mettons sévèrement en garde : si vous insistez et ne changez pas d’avis, si vous continuez vos activités illégales, vous allez être poursuivi par la loi. Comprenez-vous ?”, peut-on lire sur le document qu'il a partagé le 31 janvier. Toutefois, devant le nombre de cas finalement déclarés et l'ampleur de l'épidémie, la Cour suprême chinoise a estimé que les lanceurs d’alerte avaient été traités de manière “inappropriée”.
Li Wenliang a annoncé présenté des symptômes du coronavirus le 10 janvier et avait été hospitalisé le 12. Le 20 janvier, le président Xi Jinping donne enfin l'alerte et mobilise le pays tout entier, soit 20 jours trop tard. Li Wenliang est devenu un héros et l'annonce de sa mort a soulevé une vague d'émotions en Chine.
Les symptômes qui doivent alerter
En Chine, 28 000 personnes ont été contaminées par le coronavirus et 560 d'entre elles en sont décédées. Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré vendredi 7 février qu'une pénurie mondiale d'équipements de protection était en cours. “Le monde fait face à un manque chronique d'équipements de protection individuelle”, a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d'une réunion de l'organisation à Genève.
"We are sending testing kits, masks, gloves, respirators and gowns to countries in every region.
— World Health Organization (WHO) (@WHO) February 7, 2020
However, the world is facing a chronic shortage of personal protective equipment, as you might imagine"-@DrTedros #2019nCoV #EB146
Le virus 2019-nCoV, à l'origine de la maladie, se transmet entre humains par voie aérienne comme la grippe : un patient infecté contamine l'air ambiant qu'inhalent les personnes près de lui en parlant, toussant ou en éternuant. Le virus peut également se transmettre grâce à un contact physique comme une simple poignée de main, ou l'échange d'un objet. Une personne peut en infecter une autre sans même savoir qu'elle est malade.
Les symptômes, décrits par les chercheurs dans la revue scientifique The Lancet, sont les suivants : une fièvre supérieure à 38,1°C (observée dans 98% des cas), des courbatures, des frissons, des quintes de toux (recensées dans 76% des cas), des maux de tête, une intense fatigue (observée chez 44% des patients), des diarrhées ou encore, des difficultés respiratoires dans les cas les plus sévères (55% des patients concernés). Les médecins ont observé des nodules bilatéraux dans les poumons des patients confirmés, ainsi que du liquide comprimant certaines zones du tissu pulmonaire.