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Bypass, anneau gastrique, sleeve

Chirurgie de l’obésité : une plus grande vigilance et un meilleur suivi des patients sont nécessaires

Par Chloé Savellon

Les interventions chirurgicales visant à traiter l'obésité pratiquées trop tôt ou sans suivi post-opératoire suffisant peuvent entraîner des complications graves sur la santé mentale et physique des patients. 

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Vingt fois plus. C’est le taux d’augmentation d’interventions chirurgicales visant à traiter l’obésité pratiquées en France depuis ces 20 dernières années. Anneau gastrique, sleeve, pontage sur l’intestin… Toutes ces opérations garantissent une perte rapide de poids et permettent de diminuer les décès liés à l'obésité. La chirurgie bariatrique produit également un effet non négligeable sur le bien-être psychologique des patients.

Toutefois, ce type d’intervention s’avère lourde et nécessite de suivre des recommandations strictes. La Haute Autorité de Santé (HAS) préconise par exemple de prescrire la chirurgie bariatrique aux patients qui présentent un risque de comorbidité susceptible d’être améliorée après la chirurgie et la recommande en deuxième intention "après échec d’un traitement médical, nutritionnel, diététique et psychothérapeutique bien conduit pendant 6-12 mois".

Or, l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) alertait en 2018 sur le non-respect de ces recommandations : "En 2016, l’assurance maladie a refusé la prise en charge de 29% de ces opérations dans une trentaine d’établissements qui les pratiquaient à grande échelle, parce qu’elles n’étaient pas conformes aux recommandations de la Haute autorité de santé", précise le rapport.

Une prise en charge "mieux encadrée et sécurisée"

Une récente enquête réalisée par la cellule d’investigation de Radio France confirme par ailleurs que de nombreuses interventions sont pratiquées dans des établissements, sans respecter le délai de six mois qui implique notamment un suivi psychologique des patients avant l'opération.

"J’ai régulièrement des gens qui m’appellent d’un peu partout en France pour me dire qu’ils ont des complications et qu’on ne les avait pas prévenus, ils se sentent abandonnés", explique à France Info Yolande Pontonnier, présidente de l’association "Vers un nouveau regard", qui prend en charge des patients obèses.

Les risques de complications d’une opération effectuée en dehors des recommandations de la HAS sont sérieux, notamment les répercussions d'ordre psychologique : reprise de poids, difficultés à s’habituer à sa nouvelle apparence corporelle, risques d’addictions à des substances psycho-actives pour compenser le manque de nourriture.… Selon une étude publiée en 2015 dans la revue JAMA Surgery, les patients obèses opérés seraient 50% fois plus susceptibles de faire une tentative de suicide qu'avant l'intervention.

Le 8 octobre dernier, la ministre de la santé Agnès Buzyn a dévoilé la feuille de route 2019-2022 de prise en charge de l'obésité qui vise, entres autres, une meilleure prévention de la chirurgie bariatrique en assurant une prise en charge "mieux encadrée et sécurisée". "Des complications peuvent survenir pour près d'un patient sur quatre pour certains types d'opérations : complications digestives, risques liés à la perte de la masse musculaire mais aussi comorbidités telles que des carences nutritionnelles ou des difficultés psychologiques", a souligné le ministère de la santé dans un communiqué. 

Le gouvernement a notamment annoncé des mesures visant à réévaluer les autorisations des établissements à pratiquer ce type de d'interventions : "Dès l'an prochain, les centres hospitaliers seront soumis "à une autorisation" pour pouvoir pratiquer la chirurgie bariatrique, sur la base de seuils d'activité et d'engagement à respecter des critères d'une prise en charge de qualité", pouvait-on lire dans le communiqué.