Avoir le droit de mourir chez soi. La Haute Autorité de santé (HAS) a fait un pas en ce sens ce lundi 10 février en publiant une recommandation adressée aux pouvoirs publics. Elle souhaite que les médecins généralistes puissent prescrire du Midazolam, un produit qui permet de placer le patient dans un état de sédation profonde et continue jusqu’au décès (SPCJD).
Des médecins mis en examen pour avoir prescrit du midazolam
"Aujourd’hui, nous recommandons très clairement que le médecin puisse y avoir accès directement, assène le docteur Pierre Gabach, membre de la HAS, qui a participé à la rédaction des recommandations, au cours d'un échange avec la presse. C’est au ministère de la Santé de faire en sorte que désormais, réglementairement cela soit possible".
Actuellement, la loi n’interdit pas la prescription de ce médicament par les médecins généralistes mais son utilisation est très encadrée et, dans les faits, quasiment impossible. Fin 2019, un couple de médecins normands a été mis en examen et interdit d’exercer pour avoir administré du Midazolam à cinq patients quelques jours avant leur mort. Une décision qui a choqué de nombreux membres de la profession qui ont lancé une pétition de soutien et partagé plusieurs tribunes médiatiques réclamant un changement de la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie.
La ministre de la santé devra trancher
Pierre-Louis Drouais, médecin généraliste dans les Yvelines (78) et membre de la HAS, a plusieurs fois été confronté à des patients en fin de vie et, pour lui, il est évident que ce sédatif doit être mis à disposition des généralistes. “Imaginez un patient qui souffre de métastases osseuses, d'un cancer de la prostate par exemple, c'est horriblement douloureux, explique-t-il à Franceinfo. Il est sous morphine à des doses qui font parfois frémir les pharmaciens et on se rend compte que même avec ça, il continue de souffrir.”
Dans sa recommandation, la Haute Autorité de la santé précise que la prescription de ce puissant sédatif doit respectée certaines règles. Ainsi, la décision doit être prise collégialement, le médecin doit être en lien avec une unité de soins palliatifs et le patient doit pouvoir être placé dans un hôpital si la situation se complique. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, devra trancher sur ces préconisations et sur le cadre d’utilisation du Midazolam en dehors des hôpitaux.