Assister sexuellement une personne handicapée est-il de la prostitution ? Le gouvernement relance le débat avant la Conférence nationale sur le handicap qui se tient le mardi 11 février à Paris. Pour l’heure, la loi répond à cette question par l’affirmative mais la secrétaire d’État chargée du handicap, Sophie Cluzel, a estimé que “cette question est totalement ridicule”, lors du Grand Rendez-vous Europe 1/CNews/Les Echos, et a relancé ce qu’elle considère être “un débat de société”.
[????Direct #legrandrdv ] Réouvrir les débat sur les assistants sexuels, c’est regarder les personnes en situation de #handicap non plus comme un objet de soins mais comme un sujet de droit.
— Sophie Cluzel (@s_cluzel) February 9, 2020
“La société a mûri”
Quelques jours avant la conférence nationale sur le handicap, qui se tient le 11 février et où Emmanuel Macron doit annoncer des mesures attendues sur le handicap, Sophie Cluzel a rouvert “la réflexion sur l'assistance sexuelle des personnes handicapées”, dans une lettre adressée à Jean-François Delfraissy, le président du Comité consultatif national d'éthique (CCNE), et dont le Journal du Dimanche (JDD) a publié des extraits. La ministre souhaite remettre “la place de l'intime” au cœur des droits des personnes invalides alors que “sans aucune solution adaptée, elles sont condamnées à vivre dans une abstinence non choisie.”
En 2012, déjà, le Comité national d’éthique avait été saisi du sujet et avait rendu, quelques mois plus tard, un avis qui repousse la question à plus tard. Ce “plus tard” pourrait bien être maintenant à en croire la ministre qui estime que “la société a mûri”. “Ces assistants de vie sexuelle existent déjà en Belgique, aux Pays-Bas, en Suisse. Allons voir comment ont été formées ces personnes”, a-t-elle ajouté dans le Grand Rendez-vous Europe 1/CNews/Les Echos.
Pas de réponse avant plusieurs mois
Dans les faits, les personnes handicapées ont recours à des “assistants sexuels”, comme le note le JDD. Toutefois, cela se fait en cachette, que ce soit dans les établissements médico-sociaux, par le bouche-à-oreille ou sur des sites de rencontre où des filières clandestines se sont créées. Dans les pays où de tels accompagnements existent, ce sont des soins qui sont dispensés par des professionnels (kinésithérapeutes, masseurs, infirmières…) et qui peuvent aller de la simple caresse à la relation sexuelle.
Il faudra attendre plusieurs mois avant de connaître les conclusions du Comité national d’éthique. Jean-François Delfraissy, le président du Comité, a déjà réagi et ouvert la voie au débat, estimant au JDD que “la société française évolue et le regard posé sur le handicap aussi.”