La technologie et la science sont profondément liées. Une étude parue dans Nature Biotechnology en apporte une nouvelle fois la preuve. Des chercheurs de l’université américaine UT Southwestern ont associé une intelligence artificielle et des encéphalogrammes pour analyser l’activité cérébrale de patients dépressifs. Les données obtenues permettent de prédire l’efficacité d’un traitement. Les chercheurs se félicitent des résultats de leur expérience et estiment qu’ils pourront révolutionner la prise en charge de cette maladie dans les années à venir.
#AI can predict whether an #antidepressant will work based on a patient's brain activity, according to new findings in @NatureBiotech from @UTSW_CDRC. Learn how. https://t.co/u2Yhev7WqB #utswbrain pic.twitter.com/Dh8FqAzP1o
— UT Southwestern News (@UTSWNews) February 11, 2020
Des résultats très concluants
Cette étude scientifique a impliqué plus de 300 patients dépressifs. L’objectif était de déterminer leur réponse au traitement à base d’inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), la principale catégorie d’anti-dépresseurs. Les chercheurs ont d’abord analysé l'activité cérébrale des participants grâce à un encéphalogramme. Ensuite, ils ont utilisé un modèle prédictif construit grâce à un nouvel algorithme, appelé ELSER, pour scanner les données récoltées. Les résultats de l’expérience ont dépassé les attentes des scientifiques, et ont été confirmé avec trois groupes de patients supplémentaires : le système a prédit l'efficacité des traitements avec justesse.
Le signal cérébral analysé concerne les ondes alpha, émises depuis le cortex préfrontral. Cette zone a une activité très différente chez les personnes dépressives, or, elle joue un rôle important dans les réponses émotionnelles. L’étude montre que cette région du cerveau est plus active chez les personnes qui répondent bien au traitement.
Révolutionner le traitement de la dépression
Pour Amit Etkin, professeur de psychiatrie à l’université de Stanford, qui a participé à la mise au point de l’algorithme : “Les méthodes actuelles de diagnostic de la dépression sont trop subjectives et imprécises pour guider les cliniciens dans l’identification rapide du bon traitement”. Lorsqu’une personne est diagnostiquée dépressive, huit semaines sont nécessaires pour déterminer si l’anti-dépresseur est efficace. En cas d’échec, les médecins testent généralement un autre traitement, toujours pendant 8 semaines, sinon, il est possible d’avoir recours à la stimulation cérébrale transcrânienne et la psychothérapie. “Nous avons fourni des données nombreuses qui montrent que nous pouvons aller au-delà du jeu de devinettes pour choisir les traitements contre la dépression, se réjouit l’auteur principal de l’étude Madhukar Trivedi, et cela modifie la manière dont nous envisageons le diagnostic et la prise en charge de la maladie.” Pour lui, cette recherche montre que les patients n’auront bientôt plus besoin de subir le processus douloureux des essais de traitement.
Une maladie répandue
D’après l’Inserm, les troubles dépressifs peuvent survenir à n’importe quel âge de la vie. Une personne sur cinq traverse un épisode dépressif au cours de sa vie. Les traitements seraient efficaces dans 70 % des cas.