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Santé mentale

Psychiatres : la difficile question du suicide des patients

Par Mégane Fleury

Une grande partie des psychiatres est confrontée au suicide d’un patient. Pour ces professionnels, il est parfois difficile de trouver du soutien. 

Wutwhanfoto/iStock

Le suicide fait partie des situations auxquelles les psychiatres peuvent être confrontés au cours de leur carrière. Selon une enquête, présentée lors du congrès de l’Encéphale, 90 % d’entre eux ont vécu ou vivront le suicide d’un de leurs patients. Pour beaucoup, l’après est très difficile, ils peuvent souffrir de stress post-traumatique, d'un manque d’accompagnement ou encore se sentir isolé. 

Des évènements traumatisants 

Les résultats de l’enquête ont été révélés au mois de janvier 2020. Au total, près de 800 psychiatres ont répondu aux questions. Sur les 9 sur 10 qui ont été ou seront confrontés au suicide d’un patient, un quart présente des réactions post-traumatiques. “Il y a également un sentiment de culpabilité, explique l’auteur de l’étude, Edouard Laune, à France Inter, ils ont l'impression qu’ils sont responsables de ce qui s’est passé.” Chez certains professionnels, cela peut provoquer des dépressions ou des burn-outs. L’évènement demeure en tous cas traumatisant. Dans le journal Marianne, Alain Meunier, psychiatre, se confie : “Deux de mes patients se sont donné la mort. J’étais proche de l’un d’entre eux. Je n’ai jamais réussi à faire le deuil… Je les ai toujours en tête.”

L’avenir professionnel en question 

Cela peut avoir des conséquences sur l’avenir des psychiatres. Le sondage montre que 20 % des médecins confrontés à cette situation envisagent de changer de travail. Pour l’auteur de l’étude, la pratique de la psychiatrie est forcément influencée. Il évoque notamment une “tendance à davantage hospitaliser les patients” et des “difficultés à donner des permissions aux patients hospitalisés, parce que la plupart des suicides ont lieu pendant les permissions”. 

Comment trouver du soutien ? 

Pour 37 % des psychiatres interrogés, aucun soutien n'a été apporté par leur collègue. Si des réunions d’écoute peuvent être plus facilement mises en place dans les hôpitaux, pour les professionnels libéraux, cela peut être problématique. Seulement 4 % des personnes exposées au suicide dans leur travail suivent une thérapie ensuite. Le cap de la consultation peut parfois être difficile à passer, mais d’autres outils peuvent aider. Depuis le 1er janvier 2018, un numéro d’assistance est mis à disposition des médecins par le Conseil national de l’ordre des médecins et l’Association d’aide professionnelle aux médecins et soignants (AAPMS). En France, on dénombre environ 15 000 psychiatres en activité.