En octobre dernier, une étude a suscité la polémique en assurant que la consommation de viande rouge et de viande transformée avait un faible impact sur la santé. Et cela, alors que les autorités de santé internationales préconisent de la limiter. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), par exemple, qualifie la viande rouge de "probablement cancérogène pour l’homme" depuis 2015.
Toutefois, quelques jours après la publication de l’étude polémique, les journalistes du Monde ont révélé que les auteurs avaient omis de déclarer leurs liens avec l’industrie agroalimentaire. Une nouvelle étude, publiée dans la revue JAMA, clôt une bonne fois pour toute le débat. D’après ces travaux, manger deux portions par semaine de viande rouge, de viande transformée ou de volaille augmente faiblement, mais de manière significative le risque de développer des maladies cardiovasculaires.
Un risque qui augmente de 3 à 7%
"C’est une petite différence, mais cela vaut la peine d’essayer de réduire la viande rouge et la viande transformée comme le pepperoni, les boulettes de viande et les charcuteries", déclare le Pr Norrina Allen, auteure principale de l’étude dans un communiqué. En réalité, cette "petite différence" est de 3 à 7% selon les chercheurs. Pour parvenir à ce résultat, les scientifiques ont analysé les données de six études américaines, regroupant 29 700 participants. Leurs habitudes alimentaires ont été évaluées entre 1985 et 2002, et ils ont ensuite été suivis jusqu’en 2016 afin d’observer l’apparition de maladies cardiovasculaires ou la survenue de décès. Ainsi, les chercheurs ont constaté que manger deux portions par semaine de viande rouge, de viande transformée ou de volaille sans manger de poisson était lié à un risque plus élevé de 3 à 7% de maladies cardiovasculaires.
En France, on consomme beaucoup de viande
En France, nous sommes de mauvais élèves concernant la consommation de viande, même si elle a tendance à diminuer. En effet, 32% de la population consomme beaucoup de viande rouge par rapport aux recommandations de Santé publique France, 63% consomment beaucoup de charcuterie. Les auteurs de l’étude préconisent de se tourner vers "le poisson, les fruits de mer et les sources de protéines d’origine végétale telles que les noix et les légumineuses, y compris les haricots et les pois, [qui] sont d’excellentes alternatives à la viande".
D’autres facteurs de risque à prendre en compte
Cependant, d’autres facteurs peuvent également augmenter les risques de maladies cardiovasculaires, tels que "la prédisposition génétique, les facteurs démographiques, le statut socioéconomique, le poids, les facteurs liés au style de vie (par exemple le tabagisme, le sommeil, l’activité physique et l’alimentation) et l’environnement bâti", listent les chercheurs. Chaque année dans le monde, près de 34 000 décès sont imputables à une alimentation riche en viandes transformées selon l’Organisation mondiale de la santé.