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Première mondiale

Elle accouche après un cancer du sein grâce à une nouvelle technique de préservation des ovocytes

Par Thierry Borsa

Une jeune femme traitée pour un cancer du sein a pu accoucher d'un enfant en pleine santé grâce à une nouvelle méthode de conservation d'ovocytes immatures. Ceux-ci ont pu être inséminés et l'embryon transféré dans son utérus à l'issue de son traitement de chimiothérapie.

x-reflexnaja/iStock

C'est une première mondiale et un formidable espoir pour les femmes touchées par un cancer du sein et qui souhaitent avoir des enfants. Le petit Jules est né en parfaite santé en juillet 2019 d'une maman qui avait suivi un traitement pour un cancer du sein. Une naissance qui a pu avoir lieu grâce à une nouvelle technique mise en œuvre à l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine), consistant à recueillir avant le traitement anti-cancéreux, des ovules non-matures de la maman avant de les congeler.

Cette prouesse médicale a été présentée le 19 février dans la revue Annals of Oncology, et deux autres grossesses sont actuellement en cours au CHU de Clamart après l'utilisation de cette technique. Les traitements pour lutter contre le cancer du sein sont souvent des causes d'infertilité chez les patientes. On estime que 15 à 20% des 40% des femmes de 30 ans soignées pour ces cancers deviennent infertiles, une proportion qui s'élève à 40% pour les femmes de 40 ans.

Préserver les chances de grossesse future

La technique utilisée à l'hôpital de Clamart consiste, chez les femmes qui doivent suivre un traitement de chimiothérapie pour un cancer du sein, à congeler leurs ovocytes immatures pour les utiliser à l'issue du traitement et préserver ainsi leurs chances de grossesse future.

Dans le cas de la maman de Jules, sept ovocytes immatures ont été prélevés sous guidage échographique transvaginal et six de ces cellules ont été vitrifiées par congélation. La jeune femme a ensuite été traitée durant 5 ans pour son cancer du sein avec une chimiothérapie à l'issue de laquelle elle a été déclarée guérie.

A la fin de son traitement, et donc plusieurs années après le prélèvement de ses ovocytes, et après avoir tenté en vain, du fait des traitements anti-candéreux, d'être naturellement enceinte durant un an, cette femme dont le cancer avait été diagnostiqué lorsqu'elle était âgée de 29 ans a été autorisée à utiliser ses ovocytes préalablement décongelés et qui avaient survécu à cette procédure. Les ovocytes ont été inséminés part injection de spermatozoïdes et un embryon issu de cette insémination a ensuite été transféré dans son utérus après 3 jours de prise de progestérone, hormone impliquée dans la grossesse et l'embryogénèse.

“Une avancée importante dans la préservation de la fertilité”

La véritable nouveauté de cette technique est qu'elle utilise des ovocytes immatures et congelés. Une technique proche mais utilisant des cellules après maturation in-vitro et une implantation immédiate sans congélation avait déjà permis de donner naissance à des enfants. Cette nouvelle approche est basée sur l'impossibilité de pratiquer une stimulation ovarienne pour des raisons liées à la prise en charge de la maladie cancéreuse.

Ce succès représente une avancée importante dans le domaine de la préservation de la fertilité, explique Mickaël Grynberg, directeur du département de médecine de la reproduction à l'hôpital Antoine-Béclère. Si elle est sans doute un peu moins efficace que la congélation d'ovocytes prélevés à maturité, elle peut quand même permettre d'avoir des enfants.”