C'est lui qui gère tout ce que nous ressentons, y compris la douleur, à partir de notre système nerveux et des zones qui contrôlent nos émotions. Pourtant, le cerveau lui-même est insensible à cette douleur. C'est ce qui explique que des interventions neurochirurgicales, comme celle qui vient d'être réalisée sur une violoniste de 53 ans opérée d'une tumeur cérébrale au King's College de Londres, puissent se réaliser sans encombres et sont en fait assez fréquentes. Durant son opération, la patiente, éveillée et consciente, a pu jouer de son instrument pour guider les chirurgiens afin qu'ils ne touchent pas aux zones moteur de son bras gauche et cela sans provoquer chez elle la moindre souffrance.
Pourquoi cet organe central de notre système nerveux est-il insensible à la douleur ? Tout simplement parce qu'il ne possède pas de terminaisons nerveuses qui sont les vecteurs de la sensation de douleur. Celle-ci passe bien par le cerveau mais à travers des fibres (dites fibres nociceptives) présentes dans tout le corps humain et qui transmettent leurs influx nerveux jusqu'à lui, y compris les signaux qui génèrent la douleur.
Passer l'enveloppe arachnoïde
Ce qui ne veut pas dire qu'une intervention chirurgicale sur le cerveau soit totalement indolore. D'abord il y a nécessité dans ces interventions d'ouvrir la peau du crâne, incision douloureuse comme sur n'importe quelle autre partie du corps. Ensuite il faut traverser les os de la boîte crânienne et, surtout, passer la barrière de l'enveloppe arachnoïde — ce nom vient du fait qu'elle ressemble à ... une toile d'araignée — qui entoure et protège le cerveau et qui ne possède pas de vaisseaux sanguins. Mais là, plus question d'échapper à la douleur : cette membrane arachnoïde est, elle, pleine de terminaisons nerveuses et son incision est extrêmement douloureuse.
“Une fois que l'on travaille sur le cerveau après avoir passé cette membrane, le patient ne ressent aucune douleur. C'est pourquoi on peut faire de la neurochirurgie sous hypnose, voire réveiller le patient pour que ses réactions guident le travail du chirurgien afin que des zones essentielles ne soient pas touchées”, explique le professeur Alain Serrie, patron du service de médecine de la douleur à Lariboisière à Paris.
C'est ainsi que la patiente opérée d'une tumeur cérébrale au King's Collège de Londres a pu, sans souffrir, jouer du violon pour guider les médecins afin qu'ils ne “blessent” pas accidentellement la zone du cerveau qui contrôle les mouvements de son bras gauche.