Il y avait plus de 7 milliards d’êtres humains sur terre en 2011 d’après les Nations Unies. En 2050, nous devrions être 9,7 milliards et dépasser les 11 milliards en 2100. Plus d’habitants sur la planète, cela signifie plus de bouches à nourrir dans un contexte climatique tendu. La science cherche des solutions pour surmonter ces difficultés. En France, des chercheurs de l’INRAE étudient de nouvelles techniques pour garantir à tous l’accès à une alimentation équilibrée. Dans Les Echos, Philippe Mauguin, directeur de l’Institut avance quelques pistes.
Moins de gaspillage au Nord, moins de pertes au Sud
D’après le scientifique, le besoin en terres cultivées supplémentaires pourrait augmenter de 15 %, par rapport à 2010, d’ici à 2050. “Dans cette perspective, les recherches portent sur la réduction des pertes après récolte dans les pays du Sud et du gaspillage alimentaire dans les pays développés”, explique-t-il. Des études s’attèlent à améliorer la productivité des blés, à réduire l’utilisation d’antibiotiques dans l’élevage du bétail et à rendre les protéines végétales plus attractives. Bonnes pour la santé, elles le sont aussi pour l’environnement : “Le développement des légumineuses comme la luzerne ou la féverole est aussi une priorité pour nos élevages, afin de réduire notre dépendance en protéines et l'importation de soja qui contribue à la déforestation de l’Amazonie.”
Des projets déjà lancés
Pour concrétiser leurs idées et s’assurer que les solutions soient pérennes, les chercheurs les testent avec les acteurs concernés : les agriculteurs. À Dijon, l’INRAE travaille avec la métropole pour les aider à induire les protéines végétales et à réduire les pesticides. Dans l’Ouest de la France, les projets se concentrent sur la réduction de l’empreinte carbone des filières d’élevage et un meilleur respect du bien-être animal. Pour Philippe Mauguin, travailler avec les agriculteurs est une évidence : “Je ne crois pas au développement de la production à grande échelle de viande de synthèse, dont le bilan écologique est contesté. Nous avons besoin d'élevages pour une agriculture durable dans nos territoires.”
Et les insectes ?
Pour lutter contre l’insécurité alimentaire, chacun a sa méthode. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) plaide pour une meilleure prise en compte de nos ressources. Dans un rapport de 2013, elle insistait sur le rôle des produits forestiers dans la lutte contre la faim. Par produits forestiers, elle n’entend pas que les champignons, le miel et les graines, mais aussi les insectes. “Ils constituent une source majeure et facilement accessible d'aliments nutritifs et riches en protéines issus des forêts”, précise le texte.
Environ deux milliards de personnes en consommeraient sur la planète. Riches en protéines et en lipides, ils pourraient jouer un rôle primordial dans la réduction des famines. Leur élevage serait aussi moins coûteux écologiquement : “En moyenne, les insectes consomment seulement 2 kg de nourriture pour produire 1 kilo de viande d'insecte. Le bétail, à l'autre bout du spectre, nécessite 8 kg de nourriture pour produire 1 kg de viande.” Il y aurait plus d’un million d’espèces connues d’insectes dans le monde, soit une infinité de possibilités pour les repas du futur !