Aux Etats-Unis, la qualité de l’eau n’est pas forcément égale d’un robinet à l’autre de la maison. Les chercheurs des universités Purdue, Memphis et de l'État du Michigan (Etats-Unis) ont découvert que la qualité de l'eau d'une maison peut varier d'une pièce à l'autre et d'une saison à l'autre, ce qui peut modifier la façon dont les compagnies des eaux contrôlent la qualité de l'eau fournie aux foyers. Cette étude, publiée dans la revue Building and Environment, remet en question l'hypothèse selon laquelle l'eau d'un réseau public est la même que celle qui passe par la plomberie d'un bâtiment à n'importe quel moment de l’année.
Selon Andrew Whelton, professeur associé de génie civil et de génie écologique et environnemental à l'université Purdue, “cette étude révèle que l'eau potable de la ligne de service n'est clairement pas de la même qualité que celle de votre robinet.” Au cours de l'étude, les chercheurs ont recueilli 58 fois les données d’une maison au cours d'une année, enregistrant plus de 222 000 heures et 2,4 milliards d'enregistrements pour entreprendre l'enquête la plus vaste et la plus intensive sur la qualité de l'eau au fil du temps. Leurs conclusions révèlent que la qualité de l'eau d'une seule maison différait dans chaque pièce et changeait selon les saisons.
Une qualité variable en fonction de la température et l’état de la plomberie
En examinant les données, l'équipe de recherche a constaté que dans 10% des cas, la présence de désinfectants n'étaient pas détectée dans l'eau entrant dans la maison étudiée, ce qui suggère que l'eau n'était pas toujours protégée contre une possible croissance bactérienne dans les canalisations de la maison.
En outre, une augmentation du pH de l'eau et de grandes fluctuations du carbone organique ont également été observées. L'équipe a également constaté la présence d'autres produits chimiques dans l'eau, qui était plus élevée à certaines saisons ou dans toute la maison. Cependant, la plupart de ces niveaux ont été trouvés dans la fourchette des recommandations nationales. Seul le niveau de plomb dépasse la limite d'exposition recommandée par l'American Academy of Pediatrics pour les enfants. Heureusement, aucun enfant ne vivait dans la maison testée.
L'étude a été réalisée dans une maison de trois chambres à coucher à West Lafayette, dans l'Indiana, qui servait de laboratoire pour le développement de technologies visant à rendre les maisons plus durables, pour le compte de l’entreprise Whirlpool. La maison, appelée “Retrofitted Net-zero Energy, Water and Waste (ReNEWW) House”, que l’on pourrait traduire par maison rénovée, zéro énergie, eau et déchet, a été utilisée pour mener l'étude à laquelle les ingénieurs de Whirlpool ont également participé. Par ailleurs, l'Agence pour la protection de l'environnement (EPA) a également soutenu cette étude.
Pour Ron Voglewede, directeur mondial du développement durable chez Whirlpool, “la durabilité environnementale est une partie essentielle de l'héritage de Whirlpool en matière de produits innovants et efficaces, et de notre engagement à long terme envers nos communautés. ReNEWW House s'appuie sur des installations de classe mondiale en collaboration avec les chercheurs de Purdue pour accélérer le développement d'innovations durables, qui font progresser notre quête constante d'amélioration de la vie chez nous.”
“Nous avons découvert que la qualité chimique de l'eau variait considérablement selon les appareils sanitaires en raison de la température de l'eau, des appareils de plomberie et des différentes utilisations de l’eau”, indique Maryam Salehi, professeure adjoint de génie civil à l'université de Memphis, qui était auparavant associée de recherche postdoctorale à Purdue.
Actuellement, la loi fédérale et celle de l'État du Michigan exigent que les services des eaux vérifient la qualité de l'eau à l'intérieur de la maison ou d'un bâtiment. Les compagnies de distribution d'eau ne vérifient que le plomb et le cuivre au niveau des robinets des bâtiments.
Tester la qualité de son eau
Selon les chercheurs, l'étude devrait inciter les compagnies de distribution à modifier le contrôle de la concentration de plomb dans une maison. Ils suggèrent également que les gouvernements doivent fournir un soutien financier plus large aux propriétaires de maisons pour qu’ils puissent tester la qualité de leur eau.
Pour Jade Mitchell, professeur associé de biosystèmes et d'ingénierie agricole à l'université d'État du Michigan, “on sait que les températures plus chaudes permettent aux micro-organismes de persister plus longtemps dans les sources d'eau. Des précipitations plus importantes peuvent également entraîner des débordements d'égouts unitaires à certains endroits, tandis que les sécheresses affectent la quantité d'eau et les sources d'eau disponibles.”
Selon Andrew Whelton, “une fois que l'eau entre dans une maison, elle continue à vieillir. Une eau plus âgée est plus susceptible de contenir des contaminants problématiques. Comme la qualité de l'eau fournie à une seule maison peut varier considérablement, et que la plomberie des bâtiments peut également modifier l'eau, il est actuellement impossible de prévoir la sécurité de l'eau potable de chaque robinet du bâtiment.”
Suggérant davantage de recherches, l'étude affirme que différents matériaux de plomberie, un nombre variable d'occupants et d'autres facteurs peuvent affecter la qualité de l'eau d'une maison, et qu'une meilleure prise en compte de ces facteurs peut empêcher les gens de consommer une eau impropre. En attendant, l'étude suggère que les propriétaires peuvent prendre un certain nombre de précautions pour améliorer la qualité de l'eau de leur maison.
“Choisissez des modèles de plomberie qui minimisent la quantité d'eau et la durée d'immobilisation de l’eau, insiste Andrew Whelton. Cela devrait contribuer à limiter la croissance microbienne et à réduire le risque que les produits chimiques s'échappant de la plomberie dépassent des niveaux inacceptables. Si vous avez une maison existante, tirez la chasse d'eau avant de prendre un verre pour vous débarrasser de l'ancienne eau. La chasse d'eau peut aider à faire entrer de l'eau nouvelle et plus fraîche à partir du point d'entrée du bâtiment”.