C'est le premier mort Français victime du coronavirus. Dans la nuit de mardi à mercredi, un Français de 60 ans, enseignant dans le département de l'Oise et dont l'état avait été jugé “gravissime” est décédé des suites d'une infection par le Covid-19 à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Il en semble pas, selon les autorités sanitaires, qu'il ait séjourné dans une zone à risque. C'est le deuxième mort en France depuis le début de l'épidémie, la première victime étant un touriste chinois de 80 ans originaire de la province de Hubei, foyer principal de l'épidémie.
Deux autres cas de contamination en France ont également été confirmés ces dernières 24 heures: celui d'un homme de 55 ans hospitalisé à Amiens et celui d'un autre âgé de 36 ans admis à l'hôpital de Strasbourg de retour d'un voyage en Italie.
Le refus de la dramatisation
Pour autant, contacté par Pourquoi docteur, Jean-Paul Stahl, professeur d'infectiologie au CHU de Grenoble, se refuse à toute dramatisation sur la réalité de la menace dans notre pays: “Le décès survenu cette nuit fait partie des cas graves auxquels nous nous attendons, mais ne signifie pas du tout que le virus circule en France”, affirme-t-il.
Un avis qui rejoint celui exprimé sur Franceinfo hier matin — avant que la mort du patient français soit annoncée — par l'un de ses confrères, le docteur Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses à l'hôpital Bichat de Paris, directeur de l'infectiologie à l'Inserm et expert auprès de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). “Pour l'instant, le virus ne circule pas en France et il faut continuer à se serrer la main et à se faire la bise !”, déclarait-il à l'antenne de la radio de service public.
Le coronavirus tue plus que la grippe saisonnière
Le docteur Yazdan Yazdanpanah a toutefois rappelé que le coronavirus Covid-19 engendre bien “une mortalité plus importante” que la grippe saisonnière : “90% des gens ont des formes mineures, mais il y a 10% de formes graves et il y a 2% de mortalité. C'est à 10 à 20 fois plus que la grippe.”
Face au décès d'un premier Français et à la multiplication des cas de personnes contaminées en Italie, faudrait-il revoir les mesures de précaution mises en place en France, notamment à l'encontre des personnes revenant d'Italie ? La question commence à faire bruyamment débat. “Parfois on est maximaliste, parfois on l'est moins. Il faut faire attention, car les deux postures ont un impact sur la santé", a admis Yadzan Yazdanpanah, faisant référence aux collégiens placés en quarantaine après un voyage en Italie, mesure qui rend encore plus étonnante l'indifférence générale concernant les supporters de la Juventus Turin attendus à Lyon ce mercredi soir.
L'âge et l'état de santé général, des facteurs importants
Selon une récente étude menée par des chercheurs chinois et parue le 24 février dans la revue Jama, les personnes les plus vulnérables seraient les plus âgées et celles souffrant d’une maladie chronique. “La plupart étaient âgées de 30 à 79 ans (87%), 1% étaient âgées de 9 ans ou moins, 1% étaient âgées de 10 à 19 ans, et 3% étaient âgées de 80 ans ou plus”, ont par ailleurs remarqué les chercheurs.
Environ 30% des personnes touchées par le virus entre 60 et 80 ans décèdent, contre 12,8% entre 49 et 60 ans. A noter que le taux de mortalité est plus élevé chez les personnes déjà malades : “10,5% pour les maladies cardiovasculaires, 7,3 % pour le diabète, 6,3% pour les maladies respiratoires chroniques, 6% pour l'hypertension et 5,6% pour le cancer”.
Face à l'ampleur de l'épidémie, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié une série de questions-réponses en début de semaine afin que les Français restent informés. Elle y explique ce qu'est un coronavirus, quels sont les symptômes, la durée d'incubation, les risques de contamination ou encore, évoque le rôle des vaccins et antibiotiques.