C’est un cas unique au monde pour le moment. Celui recensé par des médecins de l’université de Pittsburgh (Etats-Unis) il y a quelques mois. Ils ont d’abord examiné le dossier d’une femme de 61 ans souffrant d’une cirrhose du foie et de diabète. Ces deux maladies sont très souvent associées à une forte consommation d’alcool. Cette femme devait être placée sur une liste d’attente en vue d’une future greffe du foie. Cependant, en faisant des examens, les médecins ont retrouvé d’importantes traces d’alcool dans son urine. Même si la patiente a fermement nié avoir bu, elle n’a pas été placée sur la fameuse liste.
Le diabète mal contrôlé était suspicieux
Quelques semaines plus tard, elle a subi de nouveaux tests. Là encore, les médecins ont retrouvé des traces d’alcool dans l’urine, mais pas dans le sang. Perplexe, l’équipe médicale a alors décidé d’effectuer des examens plus poussés. C’est là que les médecins ont constaté la présence d’une souche de levure appelée Candida glabrata. Il s’agit d’un champignon correspondant à la levure de bière (Saccharomyces cerevisiae). En réalité, cela n’est pas inhabituel, mais le fait que cette femme souffre d’un diabète mal contrôlé a fait penser aux médecins que la levure fermentait ce sucre pour produire de l’alcool.
La vessie comme une “micro-brasserie”
Pour pousser leurs recherches, les médecins ont prélevé des échantillons d’urine qu’ils ont ensuite placé dans des boîtes de Pétri. Certains présentaient beaucoup de levure, d’autres quasiment pas. Quelques heures plus tard, l’équipe médicale a constaté que la levure avait bel et bien produit de l’alcool. Dans les échantillons avec le plus de levure, le taux d’alcool était même passé de 40 à 800 mg/dL. “C’est une quantité extrême”, commente Kenichi Tamama, pathologiste au centre médical de l’université de Pittsburgh. On peut donc dire que la vessie de cette femme s’est transformée en une véritable micro-brasserie, car pour produire de l’alcool il faut de l’eau, du sucre, de la levure et une absence d’oxygène. Tous les ingrédients étaient présents pour favoriser la fermentation.
Bientôt la transplantation ?
En plus de cette découverte insolite, ces recherches ont permis de prouver que la patiente ne mentait pas et donc ne consommait pas d’alcool. Actuellement, les médecins tentent d’améliorer son état de santé en vue d’une future transplantation. Ils lui ont déjà prescrit un médicament antifongique, mais cela n’a pas fonctionné. D’autres options de traitement sont à l’étude.