Voilà qui pourrait faciliter la vie de milliers de femmes. Mardi 26 février, le Parlement autonome d’Ecosse a voté en première lecture la gratuité des protections périodiques pour toutes les femmes, une première mondiale. En 2018, le gouvernement local avait déjà lancé un programme pour permettre aux écoles, collèges, lycées et universités de distribuer gratuitement des protections hygiéniques aux femmes et jeunes filles.
Aujourd’hui, la proposition de loi prévoit que des tampons et des serviettes hygiéniques soient distribués gratuitement dans des lieux spécifiques tels que des pharmacies, des clubs de jeunesse, des cabinets médicaux ou des centres locaux. Cette mesure a été chiffrée à 24 millions de livres, soit environ 28 millions d’euros, par an. Elle a été adoptée par 112 députés. Personne n’a voté contre et un seul s’est abstenu. Comme le veut la procédure parlementaire, une seconde phase débutera au cours de laquelle les élus du Parlement autonome d’Edimbourg pourront proposer des amendements.
L’adoption de ce texte “marquerait un tournant en normalisant la menstruation en Ecosse et en envoyant le signal tangible du sérieux avec lequel notre Parlement prend en compte les questions de genre, s’enthousiasme la députée Monica Lennon, à l’origine de ce projet de loi. Il s’agit de produits de base, et pas une seule femme en Ecosse ne devrait avoir à vivre sans protections périodiques”, poursuit-elle.
Une femme sur dix a déjà été concernée par la précarité menstruelle au Royaume-Uni
“Dans un pays aussi riche que l’Ecosse, il est inacceptable que des personnes soient obligées de lutter pour s’acheter des produits sanitaires de base (…) Je suis fière que l’Ecosse prenne la tête du mouvement contre la pauvreté liée aux règles, et je salue le soutien des autorités locales, des écoles et des universités”, avait déjà déclaré Aileen Campbell, la secrétaire des communautés, fin août, après que le gouvernement local a lancé le programme mettant serviettes hygiéniques et tampons à disposition des jeunes femmes dans leur établissement scolaire.
Des programmes bienvenus quand on sait que, selon une étude parue en 2017, au Royaume-Uni, une femme sur dix a déjà manqué d’argent au point de ne pas pouvoir s’acheter de protection menstruelle.
La France commence à s’intéresser au sujet
En France, la question des règles commence peu à peu à faire son apparition dans la sphère politique. Début 2016, la TVA sur les protections périodiques est passée de 20% (autant que les produits de luxe) à 5,5%. A Paris, des mairies ont mis en place des “boîtes à dons” où l’on peut déposer des protections périodiques. La distribution gratuite de ces dernières devrait par ailleurs être bientôt expérimentée dans les écoles, hôpitaux ou prisons, à l’image du voisin écossais.
Selon un sondage Ifop réalisé il y a quelques mois pour Dons solidaires, chez nous, 1,7 million de femmes manquent de protections hygiéniques. Par manque de moyens, plus d'une femme sur trois ne change pas suffisamment de protection ou utilise des produits inadaptés, augmentant leur risque de faire un choc toxique. Par ailleurs, 12% des jeunes filles auraient déjà manqué les cours pour cette raison.
Selon Fanny Godebarge, présidente de la plateforme d’information consacrée aux règle Cyclique, cité par Le Monde,“le coût fluctue en fonction de la quantité de sang perdu et de protections utilisées par mois, des périodes d’aménorrhée (grossesse, maladie, utilisation de la pilule en continu), mais aussi du prix des soins gynécologiques et des médicaments, des médecines alternatives (ostéopathie, acupuncture) des sous-vêtements et linges tachés, des protections périodiques choisies…”.