Le bisphénol A (BPA) est un composé utilisé dans la fabrication de plastique. Des études ont montré qu’il pouvait être nocif pour la santé, avoir des conséquences néfastes sur plusieurs générations. Le BPA est interdit depuis 2015 en tant que perturbateur endocrinien. De nombreux plastiques fabriqués portent l’annotation “sans BPA”, indiquant qu’ils ne contiennent pas de bisphénol actif. Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’université de Missouri (Etats-Unis) démontre que l’utilisation de produits plastiques sans BPA serait aussi nocive pour la santé que ceux qui en contiennent. Les résultats ont été publiés dans Proceedings of the National Academy of Sciences.
Le BPS, pas mieux que le BPA
Les scientifiques ont longtemps étudié les effets du bisphénol A sur la santé. Ils ont mis en avant leur rôle dans la perte précoce de grossesse, les maladies placentaires ou sur le mauvais état de santé des nouveaux-nés. Les entreprises ont cherché à connaître les effets sur la santé de l’utilisation de produits chimiques alternatifs dans la production de plastique. Un alternative au BPA est le bisphénol S (BPS), mais là aussi de précédentes études ont montré que son utilisation n’est pas sans danger puisqu’il reste longtemps dans l’organisme et à des niveaux de concentration élevés.
Dans la nouvelle étude, les chercheurs ont examiné les effets du BPS sur le placenta d’une souris. “Les produits chimiques synthétiques comme le BPS peuvent pénétrer à travers le placenta maternel donc tout ce qui circule dans le sang de la mère peut être facilement transféré à l'enfant en développement”, développe Cheryl Rosenfeld, autrice de l’étude. Le placenta de la souris ayant une structure similaire à celui de l’Homme, il est “le meilleur modèle dont nous disposons actuellement pour simuler les effets possibles du BPS pendant la grossesse humaine”, justifie-t-elle. De plus, le placenta est la principale source de sérotonine pour le développement du cerveau fœtal et a une influence sur le développement à travers les émotions, les activités physiques, dormir, manger ou encore digérer.
Des conséquences de longue date sur la santé
Les chercheurs se sont rendus comptes que “le corps n'a pas la capacité d'atténuer les effets néfastes de ces produits chimiques de fabrication industrielle”, note Cheryl Rosenfeld, en référence au BPA et au BPS. En outre, ces produits chimiques ont la capacité de réduire la production de sérotonine du placenta et ainsi compromettre le bon développement du cerveau fœtal. “Une exposition dès le stade fœtal au BPA ou même son substitut, le BPS, peut entraîner des conséquences de longue date sur la santé”, conclut la chercheuse.
Cette étude pose une première pierre dans la recherche visant à améliorer la santé humaine en déterminant la pertinence des découvertes de la science animale applicable à l’Homme. Cette recherche peut fournir les bases d'une médecine de précision ou de soins de santé humaine personnalisés. La prochaine étape pour les chercheurs sera de développer cette médecine de précision, précisent-ils.