L’épidémie de Covid-19 se répand à travers le monde. Le nombre de personnes infectées par ce nouveau coronavirus continue de monter en flèche. Selon les spécialistes, il n'existera aucun vaccin avant au moins un an et, sauf révolution, un traitement spécifique ne sera pas non plus développé avant un délai certain.
Cela signifie que les médecins doivent s’intéresser aux médicaments déjà existants, dont on sait qu’ils sont bien tolérés chez l’homme et dont les mécanismes d’action sont susceptibles d’interférer avec le métabolisme du Covid-19 : c’est la “reconversion” des médicaments ou "repositionnement thérapeutique".
Une coalition de chercheurs européens a revu en détail les bases de données des antiviraux existants. Ils affirment que 31 molécules antivirales déjà approuvées dans d’autres affections, ou partiellement développées, pourraient détenir la clé du traitement initial du nouveau virus. Leurs conclusions ont été publiées en pré-print dans l'International Journal of Infectious Diseases.
31 antiviraux-candidats
A partir de cette base de données sur les antivirus à large spectre et des connaissances actuelles sur le métabolisme des coronavirus, ils ont examiné les informations relatives à la découverte et au développement de différentes molécules, dont des agents antiviraux à large spectre ciblant des virus appartenant à deux familles virales différentes ou plus.
Ils ont résumé ce qu'ils ont trouvé pour 119 médicaments dont l'innocuité pour l'homme avait déjà été démontrée et ont créé une base de données en libre accès. Trente et un de ces antiviraux à large spectre sont considérés par les chercheurs comme des candidats possibles pour la prophylaxie ou le traitement des infections Covid-19, au moins à court terme (les résistances aux antiviraux se développent facilement).
D’autres molécules-candidates
Cependant, la reconversion des médicaments ne concerne pas que les antiviraux. D’autres molécules seraient intéressantes, comme certains antibiotiques et des anti-parasitaires. Par exemple, la Téicoplanine, l'Oritavancine, la Dalbavancine et la Monensine sont des antibiotiques déjà approuvés par les autorités de santé qui se sont révélés capables d'inhiber le coronavirus et d'autres virus en laboratoire.
Plus récemment, le Remdesivir, un anti-rétroviral, a été mis en phase de test (réponse dans quelques semaines) et la Chloroquine, un antiparasitaire antipalustre, pourrait avoir un intérêt selon une étude chinoise de qualité scientifique moyenne mais qui a le mérite d'exister. Un argument indirect en faveur de cette dernière hypothèse serait la “paradoxale rareté” du nouveau coronavirus en Afrique subsaharienne, une partie de continent qui est en apparence épargnée (une insuffisance diagnostique est cependant possible) et où la chloroquine est utilisée en prévention par les voyageurs, dont sans doute les très nombreux chinois qui vont y travailler. A moins que ce ne soit la chaleur qui soit à l'origine du paradoxe...
Une disponibilité accélérée et moins coûteuse
L'avantage de la reconversion d'un médicament est que tous les détails entourant le développement du médicament sont déjà connus, depuis les étapes de synthèse chimique et les procédés de fabrication jusqu'aux informations concernant les différentes phases des tests cliniques.
Par conséquent, la reconversion de médicaments déjà sur le marché, ou même ayant échoué pour traiter d’autres maladies virales au cours de leur développement, offre des possibilités de succès à court terme nettement plus élevées par rapport au développement de nouveaux médicaments et vaccins spécifiques au nouveau coronavirus, avec un coût et un délai de disponibilité clinique nettement réduits.
Les chinois, en mettant en quarantaine 150 millions de personnes nous ont "acheté du temps", mettons ce délai à profit : des recherches cliniques ont récemment commencé sur cinq médicaments candidats possibles pour traiter le virus COVID-19.