La mélancolie en maladie. Invité de l’émission Ça ne sortira pas d'ici sur France 2 mercredi 26 février, le chanteur Marc Lavoine a expliqué souffrir de lypémanie. Le chanteur raconte avoir hérité de sa mère cet état psychologique dépressif déterminé par une mélancolie profonde.
“Je trouve ça important de nommer les choses comme elles sont. La mélancolie c'est une chose, la lypémanie, c'est une autre forme de mélancolie. Dépression, c'est un terme d'un coup, on rentre dans un truc angoissant, et je ne crois pas que ce soit aussi angoissant que ça”, détaille l’interprète des Yeux revolver, aujourd’hui jury de la neuvième saison de The Voice sur TF1. “Mon père avait un dictionnaire de médecine, il avait été infirmier pendant la guerre d'Algérie et c'est lui qui trouvait de temps en temps les choses que nous avions. Un jour, quand ma mère est partie en maison de repos, il a ouvert son truc, il a dit ‘mélancolie, lypémanie, voila ce qu'a votre mère’. C'était une façon poétique et moins violente de nous annoncer que notre mère faisait parfois des dépressions”, poursuit-il.
“Je suis né en temps de paix dans les années 60 avec des parents hippies et les cheveux longs (...) Les enfants de cette époque n'ont pas eu la même enfance que la mienne. La mienne est une mélancolie de bourgeois”, nuance le chanteur de 57 ans. Avant de conclure, optimiste : “Honnêtement je vais très bien, mais je me soigne tous les jours, j'essaye d'aller bien. Ma mère me disait ‘Quand ça ne va pas, ça va quand même’. C'est quand même très beau la vie, il faut aimer la vie et choisir la vie.”
“Du mal à respirer”
Ce n’est pas la première fois que Marc Lavoine se confie sur sa maladie. En 2018, il l’avait déjà évoquée sur le plateau de l’émission On n’est pas couché. “La lypémanie c'est un peu plus profond que la mélancolie. Ma mère était atteinte de cette maladie. (…) C'est une mélancolie un peu plus haute que les autres, avait-il notamment déclaré. Vous savez, les gens mélancoliques, ce sont des gens qui ont du mal à respirer (…) J’ai vu ma mère dépérir petit à petit et respirer machinalement. Elle n’était même plus capable de dire ‘je t’aime’ aux personnes qu’elle aimait, je crois le plus, ses enfants”, avait développé l’artiste, expliquant que sa mère mourait “à petit feu d’un chagrin d’amour”.
Lype vient du grec, cela signifie tristesse. Le terme de lypémanie a été inventé par le psychiatre français Jean-Etienne Esquirol (1772-1840). Considéré comme le père de l'organisation de la psychiatrie française (il a fait voter la loi du 30 juin 1838 obligeant chaque département à se doter d'un hôpital spécialisé), il a écrit De La Lypémanie ou mélancolie en 1820. Dans cet essai bien connu des spécialistes, il décrit des personnes qui n’ont plus rien envie de faire, figées dans l’attente d’un être ou d’un événement qui comblerait le sentiment de solitude qui les paralyse et les obsède.
“Le froid, la pluie, le vent, le chaud, les font frissonner de douleur et d’effroi. Les situations qui les surprennent et les dérangent sont vécues comme des attaques dirigées tout exprès contre leur personne. Tout les agresse”, écrit Esquirol.
A fleur de peau
Ainsi, la lypémanie est une maladie chronique se caractérisant par une obsession des idées noires, une susceptibilité exacerbée, le sentiment d’être constamment à fleur de peau et l’impression d’échouer tout ce qu’on entreprend. A la moindre déconvenue, la personne s’imagine que tout est fichu et que rien n’ira jamais dans son sens. Comme le témoigne Marc Lavoine, la lypémanie serait en effet héréditaire. D’après Esquirol, naître avec un tempérament morose et avoir une éducation triste pourrait renforcer les symptômes.
Si vous pensez souffrir de ce trouble, pas de panique, rien n’est perdu. Un psychiatre pourra vous diagnostiquer et vous proposer un suivi ainsi qu’un traitement antidépresseur si besoin. Enfin, comme pour lutter contre la dépression, l’exposition au soleil et l’activité physique ont déjà fait leurs preuves dans la prise en charge de la lypémanie.