En Afrique australe, un poisson aux pouvoirs presque surnaturels pourrait être la solution contre le vieillissement. Le killi turquoise, ou Nothobranchius furzeri, présent dans des lacs au Zimbabwe et au Mozambique, a la capacité d’arrêter son développement et rester ainsi pendant plusieurs mois pour faire face à une pression environnementale trop forte avant de reprendre comme si de rien n’était le cours de sa vie. Une technique qui attire le regard de certains scientifiques, notamment ceux de l’université de Stanford (Etats-Unis) qui ont publiés leur étude dans la revue Science, et qui souhaitent adapter ces mécanismes sur le corps humain afin d’arrêter le vieillissement.
Une pause plus longue que son espérance de vie
Doté de nageoires jaunes et rouges, ce poisson effectue une diapause. Cette technique de survie consiste à entrer dans un état d’animation suspendu, à la manière de l’hibernation. Techniquement, cela est rendu possible grâce à une protéine : la CBX7. Chez les vertébrés, elle préserve les muscles et permet de réguler les gènes dans les organes mais, produite en grande quantité, elle permet de passer en diapause. Cette pause forcée n'a aucune conséquence sur la suite du développement du poisson, ni sur sa fertilité ou son espérance de vie.
Si le killi se permet de se mettre en pause comme dans un jeu vidéo, il le fait pour survivre. Les lacs dans lesquels il vit n’existent que pendant la saison des pluies, l’obligeant le reste du temps, lorsqu’ils sont à secs, de passer en diapause. Il a la capacité de geler le développement de l’embryon pendant une durée dépassant son espérance de vie, estimée entre trois et six mois. Une fois cette période de diapause terminée, il reprendra son développement normal.
Ralentir notre “horloge vieillissante”
Les chercheurs estiment que les mécanismes de diapause pourraient être applicables aux humains. “On peut émettre l'hypothèse que l'activation d'un état semblable à la diapause dans certains tissus ou cellules adultes pourrait aider à les préserver à long terme”, a déclaré Anne Brunet, co-autrice de l’étude dans The Guardian. De quoi permettre d’imaginer un ralentissement de notre “horloge vieillissante”, ajoute-t-elle.
Néanmoins, transposer ça à l’Homme demande encore beaucoup de recherches. Cité par The Guardian, le professeur Paul Shiels, expert en vieillissement biologique à l'université de Glasgow (Royaume-Uni), précise que “des similitudes entre la diapause et d'autres types d'animation suspendue, tels que l'hibernation, ils impliquent probablement au moins certains processus différents — notamment parce que l'hibernation implique la préservation des organes dans leur forme adulte, plutôt que d'arrêter leur développement.”