Neuf femmes sur dix ont déjà été victimes de pressions pour avoir un rapport sexuel. Ce chiffre alarmant, qui résulte d'une vaste enquête baptisée #JaiPasDitOui et mise en ligne par le collectif #Noustoutes, prouve que le sujet du consentement sexuel n'est pas assez abordé.
“Frigide”, “coincée”, “pas normale”, “chiante”
Ce questionnaire a été rempli par 96 600 femmes âgées de 15 à 75 ans (75% avaient moins de 35 ans et 42% moins de 25 ans). Plus d'un tiers d'entre elles (36,5%) affirment qu'un partenaire s'est permis de réaliser un acte sexuel sur elles, sans leur consentement. Une femme sur 6 admet que son premier rapport n'était pas désiré, ni consenti : 36,5% d'entre elles ont subi ce premier rapport forcé avant 15 ans. Les réponses montrent également que les femmes qui commencent leur vie sexuelle par un rapport non désiré et consenti sont bien plus souvent confrontées à des violences dans leur vie sexuelle.
Selon le rapport, 74,6% des répondantes ont déjà demandé à arrêter un rapport sexuel en cours. Pour 38,2% de ces répondantes, il est arrivé que le rapport se poursuive malgré leur demande d'arrêter. Au total, cela représente 27% des répondantes. L'enquête met également en évidence que 70% des femmes se sont déjà forcées à avoir un rapport sexuel alors qu'elles n'en n'avaient pas envie, certaines “pour lui faire plaisir” et 25% d'entre elles parce qu'elles pensaient que le problème venait d'elles. Parmi les répondantes, 49,1% confirment avoir déjà été dévalorisées et/ou humiliées verbalement parce qu'elles refusaient un rapport sexuel (“frigide”, “coincée”, “pas normale”, “chiante”).
Une prise de conscience nécessaire
Répondre à ce questionnaire a suscité de vives émotions chez les internautes. “En répondant 'oui' à certaines questions, j'ai pris conscience qu'elles ne m'avaient jamais été posées, que j'ai vécu, pendant les cinquante premières années de ma vie, des faits sans avoir dit 'oui'. Totalement inconsciente que j'étais en situation d'avoir un avis”, commente l'une des répondantes sous couvert d'anonymat. “Cette enquête est un véritable révélateur”, ajoute une autre.
“Ce questionnaire a montré à quel point ce que nous pensons peut-être normal ne l'est en fait vraiment pas”. “Cette enquête montre à quel point ce sujet est un sujet majeur pour les femmes”, commente auprès de Franceinfo la militante féministe Caroline De Haas.