La méditation transcendantale est une technique de méditation qui fait partie de la tradition védique développée en 1958 par Maharishi Mahesh Yogi. Cette pratique repose sur l’idée que l’esprit serait naturellement attiré pour le bonheur qu’il pourrait atteindre grâce au silence et au repos. Pour arriver à cet état de transcendance, le méditant est invité à se répéter mentalement un mantra. A l’origine, il s’agit d’une sorte d’incantation sacrée à l’effet protecteur. Dans le passé, plusieurs recherches ont suggéré les bienfaits de cette pratique sur l’anxiété et le stress. Aujourd’hui, une nouvelle étude parue dans la revue Brain and Cognition montre des effets fonctionnels mesurables dans le cerveau de ses adeptes réguliers.
Les chercheurs ont suivi 34 participants. Parmi ces derniers, 19 ont suivi deux sessions de 20 minutes de méditation transcendantale (MT) par jour pendant trois mois : une le matin et une le soir. Les autres ont continué à vivre comme à l'ordinaire. Au démarrage de l’étude, les scientifiques ont également utilisé des questionnaires psychométriques pour mesurer la capacité de chaque participant à gérer des situations stressantes. Ces derniers ont en outre subi un test fonctionnel d'imagerie par résonance magnétique (IRMf) permettant d’évaluer l'activité cérébrale et la connectivité fonctionnelle entre les différentes zones du cerveau. A la fin de l’expérience, chacun a été soumis à un nouveau test du genre et a dû remplir les questionnaires encore une fois.
Résultats : les participants ayant pratiqué quotidiennement la méditation transcendantale pendant trois mois ont ressenti une nette diminution du stress et de l’anxiété. “Plus précisément, suite à la pratique de la MT, le groupe de méditants a rapporté une réduction des scores psychométriques reflétant la dépression, l'anxiété et le stress perçus en opposition à la résilience et aux compétences sociales”, notent les chercheurs.
Des questions sur le lien entre cerveau et esprit
Les résultats des scanners ont aussi montré “que la réduction des niveaux d'anxiété est associée à des changements spécifiques dans la connectivité entre différentes zones cérébrales, telles que le précuneus, le lobe pariétal gauche et l'insula, qui ont tous un rôle important dans la modulation des émotions et des états intérieurs”, explique le premier auteur Giulia Avvenuti. “Aucun de ces changements n'a été observé” chez les autres, est-il précisé.
Selon Pietro Pietrini, coordinateur de l'étude, ces résultats soulèvent d'autres questions sur le lien entre cerveau et esprit. Le fait que la méditation transcendantale ait des effets mesurables sur le “dialogue” entre les structures cérébrales impliquées dans la modulation des états affectifs ouvre de nouvelles perspectives pour la compréhension des relations entre le cerveau et l'esprit.
Pour le chercheur, ces conclusions prolongent “les résultats de recherches récentes suggérant que les thérapies médicamenteuses et la psychothérapie s'appuient sur le même mécanisme biologique”. Désormais, les travaux pourraient donc porter sur différentes façons de cibler ces voies biologiques.
Différents types de méditations pour différents types d’individus
Cette étude n’est pas la première à mettre en avant les bienfaits de la méditation transcendantale. En 2013, des travaux parus dans Military Medicine la conseillait comme traitement possible pour les militaires en service actif atteints du syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Un an plus tard, une étude publiée dans The Permanente Journal suggérait qu’un programme de MT pourrait aider à réduire la détresse psychologique chez les enseignants. Enfin, en 2016, des recherches ont constaté une réduction significative des symptômes de traumatisme, d'anxiété et de dépression chez les détenus pratiquant la MT.
Toutefois, la méditation n’est la solution miracle pour tous. En effet, d’autres scientifiques ont au contraire montré que, chez certains, méditer pouvait augmenter la sensation d’anxiété et provoquer des hallucinations. En mai 2019, une étude parue dans la revue Plos One prouvait par exemple que ces expériences négatives étaient plus fréquentes (+65%) chez les personnes engagées dans des techniques de méditation déconstructive comme le Vipassana.
Quelques années auparavant, Willoughby Britton, directrice du Laboratoire de neuroscience clinique et affective (CLANlab) de l’université de Brown (Etats-Unis), connue pour ses recherches neuroscientifiques sur les conséquences des pratiques contemplatives dans le traitement des troubles de l’humeur, des traumatismes et autres troubles émotionnels, avait recensé plusieurs réactions négatives potentielles chez les méditants. Parmi elles, “le changement de vision du monde” (48%), “les croyances délirantes (47%), irrationnelles ou paranormales”, ou encore, des “hallucinations, visions ou illusions” (82%). “J’ai vu des cas où les méditants avaient ‘surrégulé’ leurs émotions. Ils en avaient certes très peu de négatives, mais aussi très peu de positives, jusqu’à une perte d’affection pour leurs enfants par exemple”, témoignait-elle par ailleurs.
Ainsi, la méditation n’est pas à pratiquer à la légère. Pour débuter et éviter les mauvaises surprises, il est recommandé d’être accompagné d’un spécialiste, afin de choisir le type de méditation adapté à sa personne (méditation de pleine conscience, guidée, transcendentale, vipassana, zazen, tibétaine ou sonore) et le rythme à suivre. Soyez bien à l’écoute de vos émotions et de vos ressentis et ne vous forcez surtout pas.