Si le cancer colorectal est diagnostiqué tôt, il peut être soigné par chirurgie, mais lorsqu’il devient métastatique, le traitement est plus difficile. “À ce jour, la chimiothérapie reste le traitement de référence du cancer colorectal, et plus généralement des cancers digestifs. Ces cancers n’ont pas vraiment bénéficié des deux révolutions thérapeutiques récentes en oncologie que sont l’immunothérapie et la médecine de précision, explique le docteur David Malka, oncologue spécialisé dans les cancers digestifs à l’Institut Gustave Roussy. Certains patients se retrouvent très vite dans une impasse thérapeutique difficilement acceptable car ils sont souvent encore en état de recevoir d’autres traitements.”
C’est pour lutter contre cette situation que les chercheurs ont décidé de mettre au point des organoïdes. Ce sont de mini-reproductions en 3D des tumeurs des patients. Grâce à elles, les chercheurs pourront tester l’efficacité des traitements avant de les administrer aux patients.
Une étude en plusieurs étapes
“Un organoïde est une copie 3D de la tumeur d’un patient réalisée à partir d’un prélèvement, spécifie Fanny Jaulin, qui co-dirige, avec le docteur Malka, l’essai, intitulé Organotreat-01. Cet avatar miniature de cancer reproduit ses particularités : caractéristiques biologiques, résistances aux traitements, reflet de l’histoire thérapeutique des patients…” L’essai se déroule en plusieurs étapes. D’abord, les médecins réalisent une biopsie pour prélever des cellules de la tumeur, ensuite, elles sont cultivées en laboratoire. Grâce à elles, les chercheurs peuvent fabriquer les organoïdes, dont le diamètre ne dépasse pas celui d’un cheveu. Ces mini-tumeurs en 3D permettent ensuite de tester 26 médicaments utilisés en chimiothérapie conventionnelle ou en thérapie ciblée.
Mettre au point un chimiogramme
Les scientifiques pourront réaliser un chimiogramme, un document recensant toutes les informations sur les traitements efficaces ou non, dans un délai de trois à six semaines après la biopsie. Le traitement le plus adapté sera proposé au patient. Cinquante personnes seront intégrées à l’essai clinique en janvier 2021. “Si l’essai s’avère concluant, cette procédure pourrait être étendue à tous les malades pour lesquels on ne dispose plus de traitement standard”, souligne le docteur David Malka.
Le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent en France. Il demeure la deuxième cause de mortalité par cancer dans le pays.