Pourquoi manger des frites rend généralement plus heureux que de manger une assiette de brocoli ? Parce que cela produit de la dopamine, une molécule liée au bonheur. D’après les conclusions d'un groupe de chercheurs français, publiées dans la revue Cell Metabolism, les triglycérides, les nutriments présents dans les graisses animales, les huiles végétales et les produits laitiers, influent sur le circuit de la récompense. Ce terme désigne des liens entre différents groupes de neurones, il est associé à la sensation de plaisir.
Une première étude réalisée sur les souris
Les chercheurs ont constaté que chez la souris, les triglycérides agissent sur des neurones du circuit de la récompense. Ils ont voulu vérifier leur hypothèse : les triglycérides ont un rôle de renforçateur, cela signifie qu’ils agissent directement sur la notion de plaisir en libérant de la dopamine. Pour la tester, ils ont placé des souris dans des boîtes à deux compartiments de deux couleurs. Dans l’un d’eux, les souris recevaient des lipides dans leur cerveau, dans l’autre, elles recevaient une solution saline. Les souris allaient spontanément vers la partie où elles ont reçues des lipides. “Cette expérience a été perçue comme plaisante et que l’animal voudrait la reproduire”, explique les chercheurs dans The Conversation.
Des résultats confirmés chez l’humain
En parallèle, les chercheurs ont observé le cerveau d’humains grâce aux techniques d’imagerie cérébrale fonctionnelle. Cela permet d’analyser l’activité cérébrale dans des zones précises du cerveau. L’équipe scientifique a testé la manière dont le cerveau réagit à une odeur de nourriture agréable, comme un cookie au chocolat. Ils constatent que l’augmentation des triglycérides dans le sang est corrélée à l’activité du cortex préfrontal, zone du circuit de la récompense. “Ce résultat est important puisqu’il nous permet d’envisager que chez l’homme, comme chez le rogneur, les triglycérides circulants pourraient agir ‘directement’ sur les zones du cerveau impliquées dans la "récompense" associée à la nourriture”, concluent-ils.
Quels liens avec l’obésité ?
Les chercheurs ne s’arrêteront pas là, ils souhaiteraient désormais comprendre si des déficiences de la détection des lipides par les neurones du circuit de la récompense peuvent conduire à des troubles alimentaires. Lorsque les repas trop riches sont fréquents ou en cas d’obésité, l’organisme n’arrive plus à réguler les niveaux de triglycérides, et ils sont présents en permanence dans le sang. Cela pourrait altérer leur détection par les neurones, et expliquer pourquoi la consommation de nourriture riche peut conduire à des comportements alimentaires compulsifs.