- Des scientifiques ont découvert le mécanisme qui permet au VIH de bloquer tout le système immunitaire
- Ces travaux offrent une nouvelle piste pour un traitement du SIDA mais à long terme
- 38 millions de personnes dans le monde sont aujourd'hui contaminées par ce virus
Dans le monde, près de 38 millions de personnes vivent contaminées par le VIH, selon les derniers chiffres de l’Onusida, le programme commun des Nations unies sur le VIH/sida. Chaque année, 1,7 million de diagnostics tombent et en 2018, la maladie a tué 770 000 personnes. En France, plus de 170 000 personnes vivent avec le sida. Parmi elles, 6 000 découvrent leur séropositivité tous les ans. Face à l’ampleur de ce fléau, les chercheurs travaillent depuis des décennies pour tenter de mettre au point un remède. Aujourd’hui, des scientifiques d’une start-up hébergée au sein de l’Institut Pasteur auraient fait une découverte primordiale. D’après les résultats de leur étude parus dans Journal of Clinical Investigations, ils auraient compris comment une infection au VIH conduit à une paralysie du système immunitaire. Une première mondiale, se félicite Diaccurate, la biotech parisienne à l’origine de ces découvertes. Toutefois, si cette découverte aboutissait à un traitement efficace, ça ne sera toutefois pas avant de nombreuses années.
“Ce n'est pas le VIH qui tue les malades, mais le fait que leur système immunitaire devient immunodéficient, donc ils meurent d'une infection ou d'un cancer”, rappelle le professeur Jacques Thèze, cofondateur et directeur général de Diaccurate.
Auparavant, on ignorait comme le virus attaquait les globules blancs. “Lorsque la personne était porteuse du virus, on ne savait pas pourquoi les lymphocytes T CD4+ devenaient dysfonctionnels alors que moins de 0,5% d’entre elles était infecté par la maladie, précise Philippe Pouletty, président de Diaccurate. En réalité, un fragment du VIH se colle à cette enzyme. Ce couple infernal vient attaquer les globules blancs”, poursuit-il. Forts de ces résultats, les scientifiques veulent donc désormais développer un anticorps monolocal capable de “s’attaquer directement” à cette enzyme.
L’efficacité du traitement préventif
Malheureusement, le traitement n’est pas pour demain. “Les premiers essais cliniques sur l’homme pourront avoir lieu dans 18 mois. Attention toutefois, l’éventuel développement d’un médicament peut prendre entre 7 et 9 ans”, préviennent les chercheurs. Si ce traitement s’avérait efficace, il pourrait en outre être appliqué à certains cancers. “Le fait de rétablir la fonction totale du système immunitaire permet d’augmenter l’efficacité des traitements actuels, voire arrêter certains traitements lourds comme la chimiothérapie”, expliquent en effet les scientifiques.
Actuellement, le VIH se traite principalement par trithérapie, une combinaison de trois médicaments antiviraux. Si le patient ne prend pas de traitement, de nombreuses maladies peuvent survenir et, comme les chercheurs de cette étude l’ont expliqué, prendre des proportions gravissimes.
Si la lutte contre le sida souffre encore de nombreuses disparités régionales, elle avance. D’après un rapport de l’Onusida paru cet été, depuis 2010 la mortalité a en effet diminué de 33%. En cause, plus de dépistages dans les pays développés et une meilleure prévention, notamment grâce à la prophylaxie pré-exposition. Plus connue sous le nom de PrEP, ce médicament se prend avant et après une éventuelle exposition au VIH dans le but d’éviter la transmission du virus. Il s’adresse spécifiquement aux personnes qui ne sont pas concernées par le VIH, mais qui présentent un risque de contamination.
Disponible depuis 2016 en France, son efficacité a été testée pour la première fois dans l'Hexagone dans le cadre d'une étude achevée en juillet 2019 auprès de 3 000 personnes suivies pendant près de 3 ans. D’après les résultats de l’essai, la PrEP serait efficace dans presque 100% des cas.
Une mauvaise connaissance de la maladie par les jeunes
Mieux encore, des scientifiques américains ont récemment fait naitre l’espoir d’un vaccin. Les résultats de leurs tests, parus dans la revue Immunity, sont prometteurs. En travaillant sur des lapins, ils ont réussi à développer des anticorps largement neutralisants capables de cibler au moins deux sites critiques sur le virus. D’après l’étude, ce vaccin pourrait offrir une protection robuste contre le VIH en constante évolution.
Malgré ces promesses, reste l’obstacle des idées reçues sur la maladie, même chez nous. En France, un sondage paru le 1er décembre a mis en lumière les fausses croyances persistant chez les jeunes, qui ont tendance à abandonner le préservatif. D’après cette enquête, un lycéen ou étudiant sur deux déclare ne pas en utiliser à chaque rapport. Plus de la moitié d’entre eux (54%) ne se font pas systématiquement dépister quand ils changent de partenaire et deux sur dix pensent que l’on guérit facilement du VIH avec les traitements actuels. A cela s’ajoute une mauvaise connaissance du mode de transmission du virus. Alors que 19% pensent que le VIH peut se transmettre par piqûre de moustique, d’autres croient les fake news qui circulent sur la toile, à l’image de l'affaire des bananes infectées au sida, par exemple.