- Le gouvernement a décidé en 2019 de dérembourser progressivement l'homéopathie
- La prise en charge par la Sécu de ces traitements est passée de 30% à 15% en 2020 et disparaîtra en 2021
- Les laboratoires Boiron, leader mondial des médicaments homéopathiques, vont fermer un site de production et réduire leurs effectifs d'un quart
Alors que le déremboursement de l’homéopathie a commencé le 1er janvier en France, les laboratoires Boiron, leader mondial des produits homéopathiques, ont annoncé dans un communiqué de presse mercredi 11 mars la suppression de 646 postes sur le territoire. Soit environ un quart de leurs effectifs dans le pays. Ainsi, 13 des 31 sites français de l’entreprise vont être fermés.
Ce plan ne concernera que la partie française des quelque 3 700 salariés qui travaillent pour le groupe à travers le monde. D’après Boiron, il est nécessaire pour “pérenniser l'entreprise et assurer son avenir et celui des salariés qui restent”.
“Depuis deux ans, les attaques virulentes, injustifiées et réitérées contre l’homéopathie en France, pèsent lourdement sur notre entreprise qui voit son activité et ses résultats économiques reculer fortement. Alors que notre production est 100 % française et que nous y réalisons 56 % de notre chiffre d’affaires, la décision brutale du ministère des Solidarités et de la Santé de dérembourser les médicaments homéopathiques au 1er janvier 2021, constitue une véritable rupture”, explique le communiqué de presse.
Par conséquent, l’usine de Montrichard (Loir-et-Cher), l’un des trois sites de production en France, fermera ses portes. Alors que 80 postes vont être supprimés, le maire déplore un véritable drame humain. Douze sites de distribution situés à Avignon, Belfort, Brest, Grenoble, Limoges, Niort, Paris-Bois d'Arcy, Paris-Ivry, Pau, Rouen, Strasbourg et Toulon vont également être rayés de la carte. “Nous ferons tout pour limiter l’impact social de ce projet de réorganisation dans le respect de l’héritage social qui est le nôtre”, assure toutefois Boiron, annonçant au passage la création de 134 postes et la “réorganisation des équipes commerciales”.
Dérembourser complètement l’homéopathie en 2021
Les laboratoires ont donc pris cette décision suite à l’annonce du gouvernement français de dérembourser l’homéopathie, qui représente pratiquement 60% de ses ventes. Lors des débats, le laboratoire avait déjà annoncé qu’un déremboursement menacerait 1 000 emplois sur 2 500 dans le pays.
Depuis le 1er janvier 2020, l’homéopathie, pourtant très prisée des Français, n’est plus prise en charge qu’à hauteur de 15%, contre 30% l’année dernière. L’objectif étant de la dérembourser complètement en 2021. D’après Bercy, cette mesure permettrait à terme d’économiser 127 millions d’euros.
Cette mesure très controversée a été votée après que la commission de la transparence de la Haute autorité de santé (HAS) a jugé l’efficacité de l’homéopathie “insuffisante” suite à l’analyse de près de 300 études et échanges avec des syndicats, médecins homéopathes, associations d’usagers et fabricants. “Aucune étude n’a démontré la supériorité en termes d’efficacité (morbidité) de l’approche homéopathique par rapport à des traitements conventionnels ou au placebo”, déclarait-elle. Me Patrice Spinosi, avocat des laboratoires Boiron avait alors dénoncé une “erreur manifeste d’appréciation de la part du gouvernement”.
L’homéopathie inutile contre le coronavirus
Il y a quelques semaines, l’entreprise a également fait parler d’elle dans la crise du coronavirus. Alors que plusieurs politiques conseillaient d’avoir recours à l’homéopathie pour se protéger de l’épidémie, la filière américaine du laboratoire a indiqué qu’elle ne recommandait nullement l'utilisation de ses produits “pour le traitement ou la prévention des symptômes liés au coronavirus”.
“Il ne faut pas faire croire que l'homéopathie serait une solution ‘miracle’ et ainsi prendre le risque de détourner certains de la conduite à tenir dans ce contexte”. Si “certains médicaments homéopathiques sont traditionnellement utilisés pour optimiser l'immunité des patients face aux différentes infections virales, nous ne pouvons donc en aucun cas cautionner l'usage d'Oscillococcinum pour la prévention ou le traitement des infections respiratoires liées au coronavirus”, précisait un représentant de Boiron France sur Franceinfo.