La contagiosité, c'est-à-dire la facilité avec laquelle peut se répandre le virus SRAS-CoV-2 responsable de l'épidémie de Covid-19, a été en partie sous-estimée car longtemps considérée comme étant essentiellement par voie respiratoire.
Une étude du JAMA apporte quelques éléments d'information sur ce sujet à partir de l'analyse de 1 070 échantillons de différents fluides corporels prélevés chez 205 malades chinois sévères ou sous respiration artificielle. L'ARN a été extrait des prélèvements selon les méthodes usuelles, dans 3 hôpitaux des provinces du Hubei, du Shandong et de Pékin.
Pas que la salive
La plupart des malades (âge moyen de 44 ans) avaient de la fièvre, une toux sèche, de la fatigue et 19% d’entre eux étaient gravement malades. Les échantillons de liquide de lavage broncho-alvéolaire ont montré les taux de positivité à des virus vivants les plus élevés (14 sur 15 ; 93%), suivis par les crachats (72 sur 104 ; 72%), les frottis nasaux (5 sur 8 ; 63%), le prélèvement à la brosse lors de la fibroscopie (6 sur 13 ; 46%), les écouvillonnages (nettoyage de la cavité à l'aide d'une petite brosse) pharyngés (126 sur 398 ; 32%), les selles (44 sur 153 ; 29%) et le sang (3 sur 307 ; 1%). Aucun des 72 échantillons d'urine n'a été testé positif.
Dans cette étude, le SRAS-CoV-2 a été détecté dans tous les prélèvements des 205 patients atteints de COVID-19, sauf les urines. A noter que l’écouvillonnage nasal qui est le moyen diagnostique le plus courant, n’est pas le plus performant, alors que les échantillons des voies respiratoires inférieures sont les plus souvent positifs pour le virus.
Contamination fécale
Il est important de noter que le virus vivant a été détecté dans les matières fécales, ce qui implique que le SRAS-CoV-2 peut être transmis par voie fécale. Un faible pourcentage d'échantillons de sang a donné des résultats positifs, ce qui peut suggérer que l'infection peut parfois être systémique et le sang contaminant. Ces résultats sont en cohérence avec ceux de 2 autres études de moindre envergure.
Cette transmission du virus par voie respiratoire et “extra-respiratoire” peut permettre d’expliquer la propagation parfois explosive de la maladie, car associée à des objets du quotidien, contaminés, ou même aux eaux usées. Enfin, pour les médecins et les épidémiologistes, l'analyse des échantillons provenant de plusieurs sites peut améliorer la sensibilité du diagnostic et réduire les résultats faussement négatifs.