- L'allergie elle-même n'est pas un facteur de risque
- Les allergies créent des états inflammatoires qui peuvent perturber la réponse immunitaire
- Les personnes allergiques doivent continuer à prendre leurs traitements
La pandémie de coronavirus ne cesse de s’étendre sur le territoire, certaines populations sont plus fragiles face au Covid-19 que d’autres. C’est le cas des personnes atteintes d’allergie. À l’occasion de la 14e journée française de l’allergie, Sophie Silcret-Grieu, allergologue à Paris en service au centre de l’asthme et des allergies à l’hôpital Trousseau, répond à Pourquoi docteur sur les questions que ces personnes se posent pour se protéger au mieux face au risque d’infection.
Les personnes atteintes d’allergie sont-elles plus fragiles face au Covid-19 que les autres ?
Nous n’avons pas de données sur une fragilité particulière des allergiques. Les asthmatiques mal contrôlés sont plus vulnérables à la grippe et à risque de faire des formes sévères de grippe. Il faut qu’ils fassent des vaccinations. Donc nous pensons que, face au coronavirus, ils sont plus vulnérables. Nous sommes au début de la saison de pollen d’arbre donc cela va créer des états inflammatoires pour les allergiques qui pourraient les fragiliser. On sait que les allergiques en pleine poussée sont plus vulnérables. Leur système immunitaire n’est pas affaibli mais fonctionne un peu trop fort et provoque des réactions inflammatoires au niveau des muqueuses respiratoires. Il y a une réaction immunitaire trop forte contre des choses inoffensives et une fragilité face aux microbes.
Doivent-elles prendre des mesures particulières pour se protéger du virus ?
Les allergiques doivent respecter les mesures indiquées pour éviter la contagion. Ils doivent surtout prendre leur traitement de fond. Il y a une confusion avec personnel de santé : les traitements inhalés doivent être continués et surtout pas interrompus. Déstabiliser un asthme expose beaucoup plus au risque de contamination. Dans certains cas, il faut même les majorer en accord avec le médecin qui traite de l’asthme. Aucun traitement de l’asthme ne doit être interrompu. À ce propos, la mesure de renouveler une ordonnance dépassée a été prise: on peut renouveler son traitement de fond sur présentation d’une ordonnance même dépassée.
Y a-t-il des structures particulières pour la prise en charge des personnes allergiques ?
Tout le monde se débrouille par téléphone ou téléconsultation. C’est un outil très utile en ce moment. Moi j’ai annulé tous mes patients et proposé des vidéos consultations pour limiter le risque. On a anticipé les décisions. J’exerce dans un cabinet avec 4 médecins et une salle d’attente qui fait courir des risques aux patients. Il faut limiter les transports donc si on peut éviter de les déplacer, c’est mieux. On peut ponctuellement les recevoir s’il y a un besoin d’examen clinique, sauf s'il y a une inquiétude d’infection virale, auquel cas il est nécessaire de se mettre en rapport avec le 15.
Vos patients sont-ils inquiets ?
On est submergé de personnes qui nous appellent. Ils sont très inquiets. Leur principale question : suis-je plus vulnérable ? Pour cela, nous répondons au cas par cas. La réponse la plus importante c’est de continuer les traitements, de ne pas avoir peur des traitements. La fragilité dépend de l’état général et ils doivent suivre les conseils donnés à toute la population. Il n’y a pas plus de recommandation que les gestes barrières. Jusqu’à hier, je faisais des certificats pour qu’ils évitent les transports et les lieux publics. Désormais cela leur est imposé. L’allergie en elle-même n’est pas un facteur de risque mais une allergie mal contrôlée et des symptômes respiratoires le sont.