"La 1ère fois ça fait toujours mal!", "l'orgasme de la femme est moins intense que celui de l'homme", "la fellation c'est obligatoire dans un couple", en matière de sexualité, les idées reçues sont nombreuses. La plupart des gens se sont déjà posés ce type de questions, sans forcément oser en parler ouvertement. Certains disent que l'été booste la libido... en tous les cas Pourquoi Docteur a voulu en avoir le coeur net dans une série d'entretiens avec un spécialiste du sujet.
Entretien avec le Dr Sylvain Mimoun, gynécologue et spécialiste de la sexualité. Il vient de publier aux éditions First « La masturbation rend sourd - 300 idées reçues sur le sexe » (1)
Pourquoi Docteur : Les sex toys sont-ils utilisés uniquement par les jeunes?
Sylvain Mimoun: Non, d’ailleurs, ce ne sont pas eux qui les utilisent le plus. Si on devait prendre une tranche d’âge, c’est plutôt post-40 ans. C’est-à-dire une fois que la femme – puisque cela a quand même été fait pour elles d’abord– a commencé à accepter sa sexualité. Le fait de changer les pratiques, de varier, c’est en fait faire du changement en ne changeant par grand-chose. Et à partir de là, cela augmente sa sensation d’orgasme, et cela la rend plus facile, si elle accepte bien le sex toy. Le sex toy est à différencier du godemichet : le godemichet, c’est un objet qui ressemble au sexe masculin et que l’on introduit dans le vagin, alors que le sex toy, c’est plutôt un vibrateur, un vibromasseur, qui est comme un gros stylo qu’on met sur le clitoris pour que le plaisir vienne. Alors après, on peut l’introduire ailleurs, mais l’objectif, c’est toujours cette sensation de vibration qui peut entraîner du plaisir, pour elle d’abord, et éventuellement pour eux deux ensuite.
Qu'est ce qu'on appelle "sex toys" concrètement?
Sylvain Mimoun: Le sex toy, c’est un vibromasseur, un vibrateur. Et c’est à partir du moment où il y a cette vibration locale, en particulier sur le clitoris – cela veut dire la tête du clitoris, la petite boule que la femme sent bien en haut du vagin, à l’entrée du vagin –, cela peut l’aider la plupart du temps à déclencher l’orgasme, même si elle sent une excitation mais qui ne peut pas dépasser un certain seuil, là, cela lui permet de dépasser ce seuil et d’obtenir cela. L’erreur, c’est que, quelquefois, elle croit l’utiliser de manière systématique et que cela va venir de plus en plus vite, or, paradoxalement, il y a certaines femmes qui ont une stimulation forte de cette manière-là, mais cela ne leur permet pas toujours d’avoir l’orgasme.
Les sex toys sont-ils beaucoup utilisés en couple?
Sylvain Mimoun: Oui ils le sont. D’ailleurs, c’est une façon sereine d’ajouter du jeu sexuel sans prendre de risques divers pour la fidélité conjugale, on va dire.
Est-ce qu'il existe une forme de dépendance aux sex toys?
Sylvain Mimoun: Il y a 2 réponses à cette question-là : il y a des fois où on pourrait penser que c’est la femme qui est demandeuse, parce qu’elle, elle veut avoir du plaisir, mais quand c’est dans le couple, c’est souvent l’homme qui est demandeur du sex toy, tout simplement parce que ce qui excite l’homme, c’est le plaisir féminin. Et donc il a l’impression que puisqu’une fois avec le sex toy, elle a eu beaucoup de plaisir, si elle utilise le sex toy, elle aura à nouveau beaucoup de plaisir. Or, la femme n’est pas un robot, et ce n’est pas parce qu’elle va utiliser le même objet que, tout à coup, cela va marcher tout le temps. Maintenant, si dépendance il y a, elle est d'odre psychologique. Dans le sens : « Si je n’utilise pas cela, je n’aurai pas d’orgasme », ce qui est faux, parce qu’en fait, si le corps se réhabitue à fonctionner, les choses peuvent aller de mieux en mieux. Là où il pourrait y avoir une dépendance, et je dirais « attention danger », c’est si on prend des sex toys avec une intensité vibratoire de plus en plus grande, et en particulier, ce qu’il vaudrait mieux éviter de prendre, ce sont les sex toys qui ne sont pas branchés sur piles, mais sur secteur, parce qu'ils ont de très grandes vibrations. Et si le clitoris s’habitue à avoir de telles vibrations pour déclencher l’orgasme, après si elles n’ont pas cette vibration très intense, les choses ne se passeront pas bien.
Certaines filles parlent entre elles de leurs sex toys. Est-ce qu’ils peuvent se prêter entre copines ?
Sylvain Mimoun: Surtout pas. Qu’on fasse des soirées « Tupperware » pour parler des nouveaux jouets, pourquoi pas. Mais cela ne se passe pas de l’un à l’autre dans la mesure où c’est un objet qui peut transmettre les sécrétions de l’une à l’autre. Si elle a des papillomavirus, une une mycose ou n’importe quel germe au niveau de la vulve ou du vagin, cela va se mettre sur le sex toy, et si elle le repasse à une copine, qui va l’introduire elle aussi dans le vagin, elle va avoir cette contamination. En général le sex toy, elles l’ont lavé avec un peu d’eau, alors que cela ne suffit pas.
Justement comment nettoyer un sex toy ?
Sylvain Mimoun: Avec des antiseptiques. Il y en a qui sont même vendus en pharmacie, et il y a même des magasins de sex toys qui vendent les antiseptiques avec, et qui permettent de nettoyer cet objet pour qu’il n’y ait pas de transmission infectieuse localement. Après chaque utilisation, surtout si on doit changer de partenaire.
Est-ce que l’utilisation des sex toys présente certains dangers ?
Sylvain Mimoun:Normalement, non. Mais, de la même façon qu’il y a des personnes qui cherchent toujours les « limites de la limite de la limite », et qui, par exemple, veulent absolument prendre des sex toys de plus en plus gros, les introduire un peu partout, et entre autres, au niveau de l’anus, c’est vrai que s’ils y vont sans préparation, cela peut éventuellement entraîner des dégâts. Mais si les choses se font normalement, s’il y a une excitation, si la lubrification vaginale est correcte, même si le sex toy est plus gros, le but du jeu, c’est de ne jamais faire du « forcing ». C’est que cela accompagne le plaisir et que cela aille toujours dans le sens du plaisir.
1) La masturbation rend sourd - 300 idées reçues sur le sexe » Ed. First, 253 p. 17,95 €
Demain : « L'addiction au sexe : c'est une maladie ? », avec le Dr Sylvain Mimoun.