- Des vers parasites infectent les petits crustacés puis tout la chaîne alimentaire
- Les conséquences sont comparables à celles d'une intoxication alimentaire
Vous ne regarderez peut-être plus vos sushis de la même manière. À partir de milliers de travaux réalisés au cours de ces dernières décennies, des chercheurs de l'université de Washington (Etats-Unis) ont étudié l'évolution du nombre d'Anisakis sur la période 1978 - 2015.
Ces vers, atteignant jusqu'à deux centimètres de longueur, peuvent infecter les humains et les mammifères marins tels que les dauphins, baleines et phoques, via l'ingestion de fruits de mer et poissons crus ou insuffisamment cuits.
Le nombre d'Anisakis multiplié par 283 en 37 ans
Dans une étude publiée le 19 mars dans la revue scientifique Global Change Biology, les chercheurs révèlent que le nombre d'Anisakis a été multiplié par 283 en 37 ans.
“C'est intéressant car cela montre comment les risques pour les humains et les mammifères marins évoluent avec le temps. C'est important de savoir, d'abord du point de vue de la santé publique, mais aussi pour comprendre ce qu'il se passe pour les populations de mammifères marins qui ne se portent pas bien", explique Chelsea Wood, l'une des autrices de l'étude, qui est professeure adjointe à l'École des sciences aquatiques et des pêches de l'université de Washington.
Des symptômes semblables à ceux de l'intoxication alimentaire
Après avoir éclos dans l'océan, les vers infectent d'abord des petits crustacés, comme les copépodes, qui constituent la base du plancton. Lorsque des petits poissons mangent ces crustacés infectés, les vers se transfèrent dans leurs corps, et ainsi de suite, jusqu'à ce que des plus gros poissons les ingèrent.
Lorsqu'un être humain mange un poisson infecté, le parasite peut envahir sa paroi intestinale et causer des symptômes qui ressemblent à ceux de l'intoxication alimentaire, tels que la nausée, les vomissements et la diarrhée. Dans la plupart des cas, le ver meurt après quelques jours et les symptômes disparaissent. De ce fait, la maladie, dite anisakiase, est rarement diagnostiquée.
La capacité de se reproduire dans le corps des mammifères marins
Si les risques sanitaires que présentent les Anisakis sont assez faibles pour les humains, les chercheurs pensent qu'ils pourraient avoir un impact important sur les mammifères marins qui les ingèrent.
En effet, les vers peuvent vivre plusieurs années et se reproduire dans le corps des mammifères marins, sans que les scientifiques ne connaissent les effets physiologiques qu'ils peuvent avoir sur leurs hôtes. Ils sont ensuite relâchés dans l'océan via les excréments des mammifères marins.
“Un risque massif et croissant pour la santé des mammifères marins”
“L'une des retombées majeures de cette étude est que nous savons désormais qu'il y a un risque massif et croisant pour la santé des mammifères marins, assure Chelsea Wood. On ne considère pas souvent que la présence de parasites puisse être la raison pour laquelle les populations de mammifères marins n'arrivent pas à repartir à la hausse.”
Les auteurs de l'étude ne peuvent expliquer avec certitude pourquoi le nombre d'Anisakis a tant augmenté au cours de ces dernières décennies. Cependant, ils estiment que le changement climatique, l'utilisation croissante de nutriments provenant d'engrais, et la hausse simultanée du nombre de mammifères marins, pourraient être des explications potentielles.