Jeanne, 15 ans, élève en classe de seconde, confinée avec sa mère à Saint-Ouen (93).
Avec le confinement, je me lève plus tard que d'habitude car mon lycée est assez loin de chez moi. Ça me laisse aussi beaucoup plus de temps pour faire du sport ; je fais des exercices comme des abdominaux, des pompes et des squats. Je continue à avoir cours, on fait des appels vidéo avec les profs, ils nous envoient des documents par mail et nous donnent des exercices à faire ; ça ne change pas grand-chose.
Je vis bien le confinement pour l'instant, mais c'est parce que ça ne fait que deux jours. Sinon, ne pas sortir, ce n'est quand même pas facile… Ne pas voir mes amis et le reste de ma famille ne me dérange pas tellement car on se parle quand même, mais, normalement, j'aime bien faire des promenades à Paris. En plus, il fait beau en ce moment, donc c'est plus dur ; ça va vite devenir lourd. D'autant que je me prépare à l'éventualité que le confinement dure plus longtemps que les deux semaines annoncées.
Pour l'instant, même si le gouvernement autorise les habitants à sortir lorsque c'est lié à l'activité physique, je ne préfère pas, pour éviter la propagation du virus au maximum. Mais c'est vrai que si le confinement se prolonge, je le ferai peut-être.
Maïlys, 18 ans, étudiante en première année d'école d'ingénieurs, confinée avec sa mère et sa sœur à Soisy-Sous-Montmorency (95).
Le confinement ne change rien à ma vie, si ce n'est que je n'ai plus de transports à prendre pour aller en cours et que je ne peux plus aller au sport. En soit, c'est moins difficile que je le pensais ; c'est même agréable de ne pas faire trois heures de transports par jour. Seule la fermeture des complexes sportifs est un peu dure pour moi.
J'appartiens à une génération où tout se fait par téléphone, donc j'ai déjà l'habitude de faire des FaceTime avec mes amis et de leur parler par messages vocaux. Ça ne fait pas une grande différence pour moi de ne pas les voir. De plus, je ne ressens pas le climat anxiogène lié au coronavirus car je ne connais aucune personne à risques.
En revanche, j'ai peur que le confinement se prolonge et que je ne puisse pas partir au Brésil en juillet, comme je l'avais prévu il y a déjà près d'un an. Je suis aussi inquiète à l'idée que le confinement dure longtemps par rapport à mon année scolaire. Mon école considère les cours en ligne que nous avons quotidiennement comme des cours classiques et compte faire les examens comme s'il n'y avait pas de différence. Pour moi, ce n'est pas du tout la même chose. Ça risque d'être assez pénalisant et de s'en ressentir sur les notes.
Valentin, 27 ans, consultant énergie, confiné avec ses deux colocataires à Paris.
Pour l'instant, je ne vis pas mal le confinement car j'ai la chance d'avoir une terrasse qui me permet de prendre un peu l'air et le soleil. Avec mes colocataires, on s'est organisés en mettant en place des règles car on va être amenés à rester ensemble un moment dans notre appartement. Par exemple, on a bien réparti les tâches ménagères, tout en essayant de se garder un petit peu de temps pour nous.
On fait pas mal de sport et de méditation le matin, puis je continue à aller courir, avec l'attestation de déplacement dérogatoire. On est tous les trois en télétravail donc ça confère une ambiance start-up à l'appartement. C'est assez marrant, chacun est sur son ordinateur dans un coin différent du salon. Jusque-là, ça se passe bien.
Je devais aller me confiner chez mes parents, dans leur maison à Toulon. J'avais pris mon billet de train mais je l'ai annulé le matin même car j'avais peur d'être porteur sain du coronavirus et de le transmettre à mes parents. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, mais mardi matin je ressentais le climat anxiogène du confinement car on ne savait pas trop comment ça allait se passer, puisqu'il débutait à midi. Il n'y avait pas grand monde dans les rues, l'ambiance était assez particulière. Maintenant, on a compris qu'on allait juste rester chez nous quelques semaines et que tout se passerait bien".
Zeynep, 47 ans, chargée des achats et des marchés, confinée avec ses trois enfants (respectivement élèves en classe de troisième, cinquième, et CE2) et son mari à Soisy-sous-Montmorency (95).
Pour moi, le stress du confinement vient surtout de l'organisation. Le gouvernement veut assurer la continuité de l'éducation de nos enfants, ce qui est très bien car ça leur occupe l'esprit, mais il l'a fait un peu trop vite. Cela demande une véritable logistique quotidienne, en plus de gérer son télétravail et les tâches ménagères. J'ai deux enfants au collège et un en élémentaire ; ça n'arrête pas. Avec mon mari, on le vit comme un harcèlement moral.
Mes grands sont quand même assez autonomes mais je dois veiller à ce qu'ils fassent les choses en temps et en heure, et à ce qu'ils s'organisent dans leur planning. Hier, j'ai une amie qui a craqué. Elle a éclaté en pleurs sur notre groupe de conversation d'entraide entre mamans. Il faut se replonger dans les leçons, se substituer à l'enseignant pour expliquer les exercices… C'est compliqué, même pour les enfants. Ça leur pèse car c'est un petit peu long, fastidieux.
Malgré tout, le moral reste bon. Avec mon mari, nous savons qu'on va y arriver, mais on aurait aimé quelques jours d'adaptation, d'introspection, pour que l'on digère toutes les informations un peu anxiogènes de ces derniers temps et que l'on s'organise du mieux possible avec nos enfants.
Pierre, 56 ans, commis de bourse, confiné seul à Clichy (92).
Je vis bien le confinement, mais ça change beaucoup mes habitudes. Normalement, je ne fume pas en semaine, mais je n'ai pas pu m'empêcher d'allumer une cigarette hier pendant ma pause-café. Je n'avais jamais fait de télétravail auparavant ; même si j'aime bien travailler seul, ce n'est pas très confortable. Mon entreprise m'a donné un grand écran d'ordinateur, mais je n'ai pas de vrai fauteuil.
Je vais quand même marcher 5 à 10 minutes par jour mais je ne peux plus aller à la salle de sport le soir, donc je vais devoir faire des exercices chez moi. Le fait d'être confiné n'est pas dérangeant ; j'ai l'habitude de vivre seul, de ne pas sortir en semaine et de voir mes filles seulement deux à trois fois par mois. En revanche, je crois que je ne réalise pas vraiment ce qu'il est en train de se passer. J'aurai sûrement un choc ce weekend en voyant que je ne peux plus sortir dans des cafés, restaurants et bars, comme je le fais normalement.
Je ne cède pas au climat anxiogène mais je pense que le confinement va durer au moins un mois. Je ne suis pas non plus stressé par rapport au coronavirus. En revanche, je pense aller voir des policiers ce weekend pour leur demander si je peux prendre ma voiture pour aller marcher quelques heures en forêt ; ça risque d'être dur pour moi sinon.