- Les monocytes (5 à 10% des globules blancs) produisent moins d'énergie lorsque l'on vieillit
- Cela fait monter le niveau des inflammations et la calcification vasculaire
- Ce travail sur les monocytes est une piste pour tenter de ralentir les changements liés à l'âge
Partout dans le monde et surtout en Europe, les populations vivent de plus en plus âgées. C’est pourquoi, plusieurs pays européens, dont le Danemark et les Pays-Bas, ont créé des instituts et des centres spécialisés pour résoudre les problèmes liés au vieillissement de la société. En Estonie, en étudiant les différences entre les systèmes immunitaires de jeunes et des personnes âgées, des chercheurs ont découvert que les monocytes (qui représentent environ 5 à 10% des globules blanc du sang) de ces dernières ne produisaient pas autant d’énergie et présentaient plus d’inflammations. A terme, les résultats de cette étude, récemment parue dans la revue Aging Cell, pourraient aider à ralentir les changements liés à l’âge.
Pour leurs recherches, les chercheurs de l'Institut de biomédecine et de médecine translationnelle de l'université de Tartu, en collaboration avec des collègues de l'hôpital universitaire de Tartu et du Centre estonien du génome, se sont concentrés sur les monocytes. Comme tous les autres globules blancs ou leucocytes, ces derniers proviennent de cellules hématopoïétiques de la moelle osseuse. Ils ont toutefois des propriétés particulières qui les aident à combattre les virus et autres agents pathogènes. Ils évoluent tout au long de la vie.
Dans le passé, des recherches avaient déjà fait le lien entre vieillissement et monocytes. “Par exemple, on sait qu'ils sont associés aux processus inflammatoires qui se produisent dans l'organisme. Un lien entre les monocytes et la calcification vasculaire ou l'athérosclérose (deux maladies qui se manifestent par l’apparition de plaques sur les parois des artères)”, explique notamment Pärt Peterson, professeur d'immunologie moléculaire de l'université de Tartu.
Augmentation des marqueurs d’inflammation intracellulaires chez les personnes âgées
Forts ces informations, les chercheurs ont ici voulu étudier quels changements survenaient dans les monocytes jeunes par rapport aux changements observés dans ceux des personnes âgées. “Nous avons découvert que l'expression de nombreux gènes varie dans les monocytes des personnes âgées. Les changements se sont principalement produits dans les gènes liés à la synthèse des protéines et dans le travail des mitochondries, c'est-à-dire les centrales électriques des cellules. On peut dire que les monocytes des personnes âgées ne semblent pas produire autant d'énergie que les cellules des personnes plus jeunes”, note Peterson.
Autre constatation intéressante : les chercheurs ont observé une augmentation des marqueurs d’inflammation intracellulaires chez les personnes âgées, s’accompagnant probablement d’une augmentation générale des niveaux d’inflammation. Ils ont également remarqué une plus grande proportion de certains lipides chez les personnes âgées. Ainsi, l’accumulation excessives de composés lipiditiques dans les monocytes pourrait être liées aux plaques qui se forment sur les parois des vaisseaux sanguins, et donc à l'athérosclérose, avance Peterson.
“Le temps nous montrera si nous serons capables de faire quelque chose pour ralentir les changements liés à l'âge. Cette étude donne au moins une idée de la direction que nous devrions prendre. En ce qui concerne l'avenir, ce serait une grande réussite si nous étions capables de retarder, voire d'éviter le processus de calcification vasculaire”, espère le chercheur. Soit une apparition de plaques sur les parois des artères due à un dépôt de cellules mortes, de cholestérol, d'acides gras et de lipides.
Dans le monde, 125 millions d’individus ont 80 ans ou plus
D’après l’OMS, en 2018, 125 millions de personnes étaient âgées de 80 ans ou plus à travers le monde. Le plus souvent, le vieillissement s’accompagne d’un déficit auditif, d’une cataracte et de défauts de réfraction, de lombalgies et de cervicalgies, d’arthrose, de broncho pneumopathie chronique obstructive, de diabète, de dépression ou de démence (Alzheimer dans la grande majorité des cas).
“La vieillesse se caractérise également par l’apparition de plusieurs états de santé complexes qui ne surviennent généralement que tard dans la vie et ne constituent pas des catégories de maladie distinctes. C’est ce qu’on appelle couramment les syndromes gériatriques. Ceux ci, parmi lesquels figurent la fragilité, l’incontinence urinaire, les chutes, les délires et les escarres, découlent souvent de plusieurs facteurs sous jacents”, précise l’OMS.
Enfin, même si certaines différences observées dans la santé des personnes âgées sont d’ordre génétique, la plupart d’entre elles s’expliquent par l’environnement physique et sociale. Ainsi, conserver un régime équilibré, une activité physique régulière et éviter le tabac et l’alcool contribue à réduire le risque de nombreuses maladies non transmissibles et améliore les capacités physiques et mentales à tout âge. Les caractéristiques des personnes (sexe, appartenance ethnique ou statut socio-économique, par exemple), jouent également dès l’enfance sur le processus de vieillissement d’un individu.