- Un essai va tester l'efficacité d'un médicament anti-VIH, d'un anti-viral contre Ebola et de la chloroquine pour traiter Covid-19
- Les résultats sont attendus dans 6 semaines
- Cet essai est lancé en pleine controverse sur la prescription de chloroquine
Et si la chloroquine était le traitement permettant de soigner le coronavirus ? Pour le savoir, une grande étude clinique a été lancée pour tester l’efficacité du traitement antipaludique. Le professeur Didier Raoult, directeur de l'institut hospitalo-universitaire (IHU) à Marseille, en est persuadé : ce traitement fonctionne pour soigner les malades atteints du virus, a-t-il annoncé au Parisien. La députée Les Républicains des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer, n’a pas attendu les résultats de ces essais cliniques pour commencer un traitement à base de chloroquine.
75% des malades traités après 6 jours
Avec la chloroquine, plusieurs traitements font partie de l’essai clinique Discovery pour trouver une solution face au Covid-19. L’étude, lancée dimanche 22 mars, testera dans plusieurs centres hospitaliers universitaires (CHU) à travers le pays l’efficacité d’un médicament contre le VIH, d’un antiviral développé contre le virus Ebola et, donc, la chloroquine. Au total, elle inclura 3 200 patients en Europe, dont 800 en France. Celle-ci est pilotée par un consortium multidisciplinaire, réunissant plusieurs groupes de recherches français et nommé Reacting. Il devrait donner des résultats d’ici à six semaines.
De son côté, Didier Raoult est persuadé de l’efficacité de la chloroquine pour traiter du Covid-19. “Finalement, c'est probablement l'infection respiratoire la plus facile et la moins chère à soigner de toutes les infections virales”, a-t-il annoncé dans une vidéo publiée mardi 25 février dans laquelle il vante les mérites du traitement antipaludique. Depuis, il a testé cette méthode sur des malades et déclare obtenir des résultats “exceptionnels”. Après six jours de traitement, seulement 25% des malades sont encore porteurs du virus alors que ce chiffre s’élève à 90% chez ceux qui n’ont pas reçu de chloroquine.
Salué par Donald Trump
Cet enthousiasme n’est pas partagé par les autres médecins et chercheurs. Certains pointent les effets indésirables liés au traitement, notamment sur les seniors et quand il est associé à certains antibiotiques. L’essai mené par le professeur Raoult, qui ne porte que sur 24 individus, est bien trop léger pour d’autres. “Ça suffit ce genre de conneries et ces effets d'annonce affirmant qu'on a trouvé le médicament miracle, s’est emporté jeudi dernier un infectiologue de l'hôpital Henri Mondor au Parisien. Il aime bien faire de grandes déclarations mais où sont les publications scientifiques ?”
Ce potentiel traitement a suffisamment fait parler de lui pour intégrer l’essai clinique. “J'ai demandé à ce que l'étude du professeur Raoult puisse être reproduite […] dans d'autres centres hospitaliers, par d'autres équipes indépendantes”, a indiqué le ministre de la Santé, Olivier Véran. De son côté, le directeur de l’IHU à Marseille reste sûr de lui, expliquant sobrement au Parisien que “ce n'est pas moi qui suis bizarre, ce sont les gens qui sont ignorants”. Il n’a pas non plus oublié de noter que le président américain Donald Trump a salué ses travaux, sans mentionner que l'organisme fédéral qui supervise la commercialisation des médicaments aux États-Unis a tempéré l'enthousiasme présidentiel.
HYDROXYCHLOROQUINE & AZITHROMYCIN, taken together, have a real chance to be one of the biggest game changers in the history of medicine. The FDA has moved mountains - Thank You! Hopefully they will BOTH (H works better with A, International Journal of Antimicrobial Agents).....
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) March 21, 2020