- Jean-Luc Harousseau estime que l'on n'a "rien à perdre" en prescrivant cet anti-paludéen
- Il estime que l'urgence de la situation autorise à se soustraire aux règles de la preuve scientifique
“Quand on n'a rien et que quelque chose arrive qui donne de l'espoir, il faut foncer !” C'est sans la moindre hésitation que le professeur Jean-Luc Harousseau, hémato-oncologue et ancien président de la Haute Autorité de Santé (HAS), s'est déclaré dimanche 22 mars favorable à une utilisation de la chloroquine dans la prise en charge à l'hôpital des patients atteints par Covid-19.
“Ne soyons pas frileux”
Alors que la controverse fait rage sur ce sujet — le ministre de la Santé avait lui-même qualifié de “fake news” les premières informations relatives au bénéfice de ce médicament —, un essai a été réalisé sur 24 personnes à Marseille par les équipes de l'infectiologue Didier Raoult et a montré des résultats jugés suffisamment encourageants pour Jean-Luc Harousseau. “Normalement, il faut effectivement passer par des essais de phase 1 et 2 avec des mesures d'efficacité et de toxicité avant de pouvoir prescrire un médicament pour une nouvelle indication, je comprends ce point de vue, mais c'est un point de vue académique qui est complètement dépassé, ne soyons pas frileux !”, martèle l'ancien président de la HAS.
Une nouvelle étude autorisée
Il s'impatiente alors que le ministre a autorisé une nouvelle étude sur plusieurs médicaments contre Covid-19, dont la chloroquine, étude dont les premiers résultats sont attendus dans une quinzaine de jours. “Combien de morts allons-nous compter durant ces 15 jours pendant lesquels les malades n'auront pas pu avoir le médicament ?”, s'indigne Jean-Luc Harousseau.
Et le professeur de demander au pouvoir exécutif — le président et le gouvernement — de prendre une décision pour trancher “avant une vague énorme qui va tout engloutir”. “Ce produit doit pouvoir être prescrit dans tous les services hospitaliers qui le souhaitent avec un respect strict des règles de surveillance médicale, beaucoup de ces services attendent cela”, affirme jean-Luc Harrouseau. Dans des établissements de Marseille et de Nice, des médecins ont d'ores et déjà choisi de faire cette prescription “sauvage”.
Mais le ministre de la Santé, Olivier Véran, a souligné lundi 23 mars que le Haut Conseil de Santé Publique recommandait de "ne pas utiliser l'antipaludique chloroquine sauf dans des cas graves et sous surveillance médicale stricte".