C'est bien un personnage hors-normes que ce professeur de 68 ans qui, sous sa crinière blanche, ressemble davantage au druide gaulois du village d'Astérix ou, pour ceux qui ont d’autres références, à un hippie californien au temps du Flower Power, loin en tout cas de l’image que l’on se fait d’un éminent scientifique !
Didier Raoult aurait pu d'ailleurs ne jamais porter de blouse blanche. A peine adulte, il a commencé par courir les mers comme matelot dans la marine marchande avant de rentrer dans le rang sous l’injonction d’un papa médecin militaire et… de se passionner pour ses études de médecine. Et plus particulièrement d’ailleurs, pour tout ce qui concernait, déjà, les maladies infectieuses et tropicales, comme si cela lui rappelait le goût de ses aventures navales et exotiques.
Un chef de bande
Il est aujourd'hui catalogué comme l'un des meilleurs chercheurs français, classé dans le trio de tête pour ses nombreuses publications dans de grandes revues scientifiques et médicales. Sa grande fierté, c'est sans doute l’institut hospitalo-universitaire “Méditerranée Infection” dans lequel, à la tête de 800 collaborateurs, il travaille sur une impressionnante collection de bactéries et de virus tueurs. Dans son “bébé”, cet institut qui a déjà réussi à identifier plus d’une centaine de nouveaux agents pathogènes, il est perçu comme un chef de bande au milieu de ses équipes dont certaines lui sont fidèles depuis plus de 30 ans.
Toutefois, ce personnage hors-norme a aussi un sacré caractère. “Il a un niveau très élevé d’estime de soi”, raconte pudiquement un de ses amis. C'est aussi un homme qui prend peu de précautions pour dire ce qu’il pense, que certains jugent même “arrogant”. Après tout, quelqu’un qui affirme que “les chercheurs les plus performants c’est en Asie du Sud-Est qu’on les trouve et plus en Occident” ne se fait pas que des amis…
Trump s'appuie sur ses travaux
Des amis pourtant, en pleine controverse sur la valeur de l'essai qu'il vient de mener à Marseille auprès de 24 personnes et qui lui sert à affirmer que la chloroquine est un traitement efficace contre Covid-19, il s'en découvre de nouveaux, et pas des moindres. Donald Trump en personne par exemple, qui a qualifié se travaux de “très encourageants” et s'est appuyé sur eux pour souhaiter rendre ce médicament immédiatement disponible aux Etats-Unis. D'autres aussi, élus comme le maire de Nice, Christian Estrosi qui a autorisé la prescription de chloroquine dans l'hôpital de sa ville, ou médecins comme Jean-Luc Harousseau, ancien président de la Haute Autorité de santé (HAS), le soutiennent aujourd'hui.
De quoi lui faire oublier que ses recommandations sur l'usage de cet anti-paludéen pour lutter contre le coronavirus ont d'abord été qualifiées de “fake news” par le ministre de la Santé. Nombre de ses confrères continuent de contester ses travaux “non relus par ses pairs”. Lui se défend en répliquant que certains auraient “du mal à admettre qu'une nouvelle maladie puisse être traitée par des molécules anciennes”… Un sous-entendu qui pèse lourd dans la bouche de celui qui a la réputation de “prendre peu de précautions pour dire ce qu'il pense.”